À l’échelle de notre pays, presque toutes activités confondues, ni la crise financière de 2008, ni celle du franc fort en 2015, ni même les chocs pétroliers des années 1970 ou encore la longue crise des années 1990 n’ont impacté aussi négativement l’économie que la pandémie du coronavirus.
Le monde économique s’est arrêté de tourner au profit de la santé de tous. Ce choix ne doit pas faire débat. Cependant, il faut reconnaître que l’arrivée de la crise sanitaire a placé les décideurs politiques sur une corde raide tant il fallait gérer le quotidien tel un funambule, dans un environnement qui changeait presque au jour le jour. C’est dans ce contexte que des mesures de soutien innovantes et d’une ampleur inédite ont rapidement été mises en place.
Les prêts Covid ont été libérés en quelques jours par la Confédération. Du côté du Canton de Vaud, de substantielles aides ont également été apportées. Au total, plus de 540 millions ont été injectés au sein de l’économie vaudoise (Welqome 1 et 2, aide aux apprentis, fonds de soutien à l’industrie, cas de rigueur, etc.).
Le monde économique a été mis sous perfusion pour limiter la casse. Toutefois, il faut constater que grâce à sa capacité de résilience élevée, l’économie vaudoise a résisté et s’est adaptée au choc, notamment au travers de son tissu varié, de ses postes à haute valeur ajoutée au cœur des pôles d’innovation ou des hautes écoles.
Mais la pandémie n’est pas le seul danger. Notre économie est largement tributaire des relations de la Suisse avec l’Union européenne. L’interruption brutale et unilatérale des discussions en vue d’établir un accord-cadre avec l’Europe entraîne comme corollaire une incertitude grave pour le monde économique. Le rétablissement d’un nouveau dialogue pour maintenir la coopération est désormais primordial.
Si les impacts ne sont pas visibles dans l’immédiat, c’est une lente érosion qui menace désormais. Certes, nous ne disposons pas de toutes les cartes en main. À l’image de la pandémie, c’est un véritable jeu d’équilibrisme qui va démarrer avec l’objectif de préserver la compétitivité de l’économie suisse – gage de places de travail et d’apprentissage -, tout en maintenant l’indépendance politique et institutionnelle du Pays.
Philippe Leuba, Conseiller d’État