L'Economie
Entre Covid et accord-cadre

L’ENJEU EUROPÉEN est prioritaire

Debiopharm (développement de médicaments) emploie près de 500 personnes.

© Grecaud Paul

L’abandon des négociations autour de l’accord-cadre nuit spécialement aux medtech.

© Grecaud Paul

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Dans leur rapport commun Le miracle vaudois, publié fin septembre, le Créa, la CVCI et la BCV tablent sur une bonne santé économique future du canton. «De manière structurelle, les excellentes conditions-cadres feront perdurer son dynamisme», juge Mathieu Grobéty. Néanmoins les auteurs de la publication identifient un enjeu majeur: la préservation de l’accès au marché européen.

«Si les accords bilatéraux arrivent à échéance, quelles seront les contraintes qui s’y substitueront?», interroge Jean-Pascal Bobst. Il attend que ce dossier soit la première des priorités politiques. La dépendance envers le principal partenaire de l’économie vaudoise est bien réelle. « Nos exportations y sont vulnérables, surtout depuis l’abandon du cours plancher de l’euro en 2015, complète Patrick Zurn. Heureusement, les interventions de la Banque Nationale suisse (BNS) ont permis de maintenir la compétitivité de nos entreprises.» 

Dans le contexte de l’abandon des négociations autour de l’accord-cadre, les premières victimes ont été les technologies médicales (medtech). Sept mois après avoir été rétrogradée au niveau d’un État tiers, l’industrie s’est majoritairement accommodée de la situation, en répondant à des exigences supplémentaires pour exporter vers l’Union européenne (UE).

«Évidemment, ces changements posent des questions», témoigne Mathieu Horras, CEO et fondateur d’Aspivix. Le responsable de la start-up de Renens, qui développe une nouvelle génération de pince gynécologique, s’interroge sur l’éventualité de créer une entité sur sol européen, «ce qui se traduirait probablement par le recrutement de personnes sur place plutôt qu’en Suisse», imagine-t-il.
 
La faîtière Swiss Medtech confirme que l’attractivité de la Suisse, en tant que site d’implantation de compagnies du secteur, a pris un coup à la suite de la rupture des négociations. «Entre-temps, les sociétés exportatrices se sont adaptées aux exigences d’un pays tiers, mais elles doivent désormais faire avec des coûts supplémentaires considérables», analyse Peter Biedermann, directeur général de l’association. Selon lui, Vaud se classe parmi les cinq cantons dont la densité de fabricants de produits medtech est la plus grande.

En figure de proue: le producteur d’appareils cardiovasculaires Medtronic, celui de produits orthopédiques Symbios, ceux de dispositifs médicaux dentaires EMS et Dentsply, celui d’instruments oculaires Sensimed, mais aussi la filiale du géant allemand B. Braun ou la licorne en traitements neurologiques Mindmaze.

Ensemble, ces sociétés emploient plus de 2000 personnes sur le territoire vaudois.