Vue de loin, l’annulation d’un comptoir régional n’est qu’une péripétie, un rendez-vous de moins au calendrier. Mais lorsqu’on est garagiste ou poseur de stores, tenir un stand dans les expos d’Aubonne, de Cossonay ou d’Échallens n’a rien d’anodin, puisque des affaires s’y font encore, dans un cadre très convivial.
Ainsi, les annulations sont vécues difficilement, car ces foires sous cantine permettent à la fois de rencontrer une nouvelle clientèle, de vendre parfois une voiture ou du vin, mais aussi de remercier les fidèles autour d’un verre, ce qui reste très important à cette échelle de proximité. «Celui qui me regarde dans les yeux en disant qu’il ne fait pas d’affaires chez nous ne dit pas la réalité, ou alors reste caché derrière son stand pendant une semaine», sourit Henri Pasche, inamovible président de la célèbre Expo de Coss, une véritable institution en berne pour la deuxième année consécutive en octobre dernier.
«La déception a été grande de la part de nos exposants, car pour une bonne partie d’entre eux, tirer un trait sur cette semaine de promotion représente un manque à gagner évident.»
C’est qu’on y achète du bouillon de bœuf, du chasselas ou des pâtisseries, ce qui peut paraitre un détail, mais qui ne l’est pas du tout quand la commande se renouvelle pendant des décennies, ou que le contrat concerne une pompe à chaleur ou une véranda. «Il ne faut pas viser la vente immédiate, car ce n’est pas l’esprit. Les gens savent qu’ils peuvent se renseigner sans pression, souvent boire un verre, et on les retrouve quelques semaines plus tard dans nos commerces, explique cet habitué.
C’est une méthode douce qui fait ses preuves et c’est un véritable crève-cœur que de devoir faire l’impasse depuis deux ans.»
