L'Economie
Entre Covid et accord-cadre

Des EXPORTATIONS qui n’ont pas ralenti dans la pharma

© ARC Jean-Bernard Sieber

Thierry Mauvernay, président de Debiopharm: «2020 a été excellente pour ceux qui produisent des vaccins, mais plus compliquée pour nous.»

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Arnaud de Jamblinne, directeur général de la Foncière: «La marche des affaires n’a pas ralenti.»

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La résilience du canton s’ancre aussi dans la chimie-pharma qui a représenté un peu plus de 30% des exportations vaudoises en 2020. «Durant la crise, la baisse de la demande mondiale pour les produits suisses couplée à une appréciation du franc a pénalisé les ventes à l’étranger. Mais pas celles de la pharma, de qualité supérieure», assure Mathieu Grobéty. Grâce aux locomotives AC Immune, Debiopharm, Ferring, Merck ou encore Sophia Genetics, ce secteur a affiché une croissance de près de 5% en valeur ajoutée réelle l’an dernier.

«Nous avons anticipé la crise dès le début du mois de mars 2020, en approvisionnant plus de 80 pays avec des stocks pour une durée de neuf à douze mois. Notre priorité était que les patients reçoivent leur traitement», se souvient Thierry Mauvernay, président du groupe Debiopharm, fondé en 1979. Sa branche dédiée au développement de médicaments emploie près de 500 personnes entre Lausanne et Martigny.  

À la tête du laboratoire fondé par son père, Thierry Mauvernay juge néanmoins que 2020 n’a pas été une si bonne année pour le secteur: «Une excellente année pour ceux qui produisent des vaccins, oui. Mais une période compliquée pour les sociétés comme la nôtre.» En cause, les retards de développements cliniques en raison de la pandémie qui a monopolisé les hôpitaux. Ces difficultés n’ont pas empêché Debiopharm de décrocher, fin février, un important contrat avec le colosse allemand Merck. L’accord concerne en effet un médicament dont le chiffre d’affaires annuel dépassera sans doute le milliard de francs. «Et quasiment tout s’est fait à distance», souligne le président. 

Jean-Pascal Baechler de la BCV rappelle que ce secteur «a compté pour un quart de la croissance du PIB du canton durant les 15 dernières années», qualifiant le développement de la Health Valley vaudoise de «vraie réussite».

Cependant, selon Thierry Mauvernay, avec davantage de volonté politique, une meilleure perméabilité entre le monde académique et l’industrie et une réflexion autour du financement de l’innovation, il serait possible de faire mieux. « Avec l’énorme potentiel dont nous disposons, nous pourrions devenir un mini Boston », soutient-il.  

 

Pas de pause dans la construction  
La construction s’en est pour sa part très bien sortie. «Elle a connu une légère contraction de 0,3% mais cette baisse est nettement plus importante à l’échelle suisse (-2,6%) », indique l’expert du Créa. «Les chantiers ont été interrompus un petit moment, ce qui a décalé certains travaux. Mais la marche des affaires n’a pas ralenti», témoigne Arnaud de Jamblinne, directeur général de la Foncière. Ce fonds de placement immobilier, lancé à Lausanne en 1954, emploie une quinzaine de collaborateurs et suit un parc de 218 immeubles sur l’Arc lémanique.

Au cœur de la crise, la Foncière a tendu la main à ses locataires, avec des reports et des abattements de loyers. «Cela représente environ 812'000 francs perdus, soit un peu moins d’un pour cent de notre état locatif. Pas de quoi faire peur aux investisseurs», constate celui qui dirige ce fonds depuis 1997. Aujourd’hui, la société fait face à des devis de travaux majorés, reflétant la hausse du prix de matières premières comme le bois ou le métal. Pour le reste, Arnaud de Jamblinne se montre optimiste, car la demande en biens locatifs «reste très soutenue, les taux de vacances ont même diminué».

L’attractivité économique de la région et les taux d’intérêt négatifs ont continué de doper l’activité immobilière. Si bien que Mathieu Grobéty alerte sur le danger de la forte exposition du canton à ce segment, à hauteur de 23% de son PIB contre 20 % au niveau national. «L’immobilier a survolé la crise, mais vu la forte progression des prix, en cas de hausse de taux, le risque sur la conjoncture vaudoise est réel», avertit-il. Un risque que le directeur de la Foncière relativise: «Si l’activité immobilière doit diminuer, qu’à cela ne tienne. Les taux bas ont pipé les dés. Un ralentissement permettrait de renouer avec la norme.»