L'Economie
Entre Covid et accord-cadre

Ils ont OUVERT en plein Covid, comment vont-ils ?

Rencontre avec deux entrepreneurs qui ont eu l’audace de se lancer dans le tumulte de la pandémie.
© ARC Jean-Bernard Sieber

Xavier Filleau a ouvert son cabinet de physiothérapie à Vevey juste avant la pandémie.

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Stéphane Nogueira a dû se mettre à la vente à l’emporter cinq mois après l’ouverture de son restaurant à Senarclens.

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Xavier Filleau
la force de s’adapter

Xavier Filleau est physiothérapeute depuis 15 ans. Avant la pandémie, il avait décidé de se lancer à son compte à Vevey et de concentrer sa pratique sur ses spécialisations, notamment la physio du sport. «Dans le grand bassin de population de la Riviera, la demande de soins spécialisés existe. C’est sans une volonté entrepreneuriale de rafler un marché, mais avec la conviction de pouvoir répondre qualitativement à une demande», relate Xavier Filleau pour présenter son idée de départ.

Mais en octobre 2020 au démarrage de son affaire, le Covid est arrivé. «J’ai longtemps développé mon réseau à Lausanne. S’implanter ailleurs est donc difficile quand la baisse des liens sociaux limite le bouche-à-oreille, se souvient Xavier Filleau. J’avais le savoir-faire, mais je devais le faire savoir.» Pour lancer son cabinet, cet entrepreneur a dû s’en remettre davantage à la communication par Internet.

Ces éléments l’ont amené à penser que créer son réseau allait prendre du temps. De plus, la seconde vague a empêché Xavier Filleau de pratiquer pleinement sa spécialité. «Sans compétition ni entrainement au club, l’incidence des blessures sportives diminue. Je partais avec un produit, mais avec une demande à la baisse.»

Par conséquent, le physiothérapeute a eu l’agilité d’élargir son offre. «Pour me développer, j’ai accepté d’être plus généraliste dans les soins.» Et ça a payé. Les clients étaient satisfaits, bien que le projet de Xavier Filleau n’ait pas été bâti sur la base imaginée au départ.

Aujourd’hui, le contexte des compétitions sportives peut enfin permettre à Xavier Filleau de se consacrer davantage à la physiothérapie du sport, tout en conservant une part de soins généralistes. Même si le contexte au démarrage n’était pas rêvé, Xavier Filleau a tout de même eu l’audace de se lancer, en s’adaptant à la situation. Un an après la création de son cabinet, son agenda est bien rempli et son affaire est sur les rails pour s’installer durablement à Vevey.

Stéphane Nogueira
une passion salvatrice

Depuis son enfance parfumée de nombreux souvenirs culinaires, Stéphane Nogueira a toujours eu le rêve d’ouvrir son restaurant. Décidé à tout mettre en œuvre pour le réaliser, il a lancé l’an dernier à Senarclens le Café du Tilleul, dans la paisible campagne des hauts de Morges. La première vague avait déjà retardé l’ouverture de l’établissement d’un mois qui a pu accueillir ses premiers clients en mai 2020.

Mais son gérant, Stéphane Nogueira, ne pensait pas devoir fermer après seulement cinq mois d’exploitation. Il a su toutefois réagir face à la situation. «On a proposé directement les mets à emporter, afin de continuer à se faire connaître, se souvient-il. Je voulais rester actif, même si c’était descendre en cuisine pour un faire juste un burger.» Une situation qui a permis de garder la tête hors de l’eau et de sauver le Café du Tilleul. «Je n’avais pas le choix, car en raison de la nouveauté de mon entreprise, je ne pouvais pas bénéficier d’une aide financière.»

Stéphane Nogueira a donc su se débrouiller grâce à un moteur infaillible: la passion pour son métier. «Si je savais à quoi on allait devoir faire face, j’aurais bien évidemment attendu, mais je me dis qu’on a su s’adapter», reconnait le cafetier de Senarclens. Mais jamais je n’ai douté ou été tenté de baisser les bras, car je voulais mener à bien mon rêve, peu importe les circonstances.»

Aujourd’hui, la Café du Tilleul est une adresse bien connue et appréciée des amateurs des saveurs saisonnières et régionales. Malgré une baisse de fréquentation actuelle en raison de l’extension du pass sanitaire, le gérant de cette enseigne a une entreprise qui tourne; il peut se targuer d’avoir survécu à une tempête. «C’est une fierté d’avoir tenu. Mais, comme je dis souvent aux gens qui veulent s’établir dans la restauration, ouvrir un resto, ce n’est pas une question d’argent, mais une question de passion, avance-t-il. La cuisine c’est ma passion, et je la pratiquerai toujours.» Un leitmotiv qui a sans doute sauvé son travail et celui de ses cinq employés.