Celles et ceux qui ont vécu la scène s’en souviennent encore avec émotion. En septembre 2012, le soleil est haut et tape fort sur les halles du dépôt des locomotives de la gare de Lausanne. Marchant d’un pas rapide aux côtés du conseiller d’État Pascal Broulis, Anita Damm-Etienne est curieuse de chaque détail, s’arrête pour étudier les plans du futur musée avant de gravir, avec entrain, une rampe du haut de laquelle elle peut contempler toute l’ampleur du site qui accueillera bientôt Plateforme 10. La chaleur étouffante et la pente ne freinent à aucun moment sa démarche dynamique et son engouement pour le projet.
Un enthousiasme qui l’accompagne depuis des décennies. Suivant depuis longtemps les expositions du MCBA et conservant une indéfectible admiration pour René Berger, son directeur dans les années 1960 et 1970, elle découpe et archive tous les articles qui traitent du projet de Bellerive et se désole de son échec, mais retrouve vite la flamme en découvrant les plans des architectes Barozzi et Veiga. Spontanément, elle demande comment sa fondation pourrait soutenir ce projet.
Depuis, elle a en suivi chacune des étapes, toujours fidèle mécène. La pose de la première pierre sera l’occasion pour le Conseil d’État de lui rendre hommage en l’associant à ce geste hautement symbolique.
«Rendre ce que l’on a reçu»
D’origine grisonne, Anita Damm-Etienne vit sur les bords du Léman depuis plus de 60 ans. En souvenir de son mari Werner, authentique philanthrope disparu il y a plus de vingt ans, elle a créé une fondation portant leurs noms au profit de la recherche médicale et des arts. Son mari d’origine allemande était devenu Suisse et voulait sans cesse témoigner sa reconnaissance au pays qui l’avait accueilli en 1933. Aujourd’hui, plus que jamais, elle partage avec lui le principe qu’il faut «rendre ce que l’on a reçu».
Avec sa discrétion habituelle, Anita Damm-Etienne sera, sans aucun doute, mêlée à la foule qui découvrira le nouveau musée lors de la cérémonie d’inauguration.