Plateforme 10
Quartier des arts

Un quartier des arts SANS FRONTIERE

Aux commandes d’une véritable locomotive culturelle depuis le 1er janvier 2021, Patrick Gyger œuvre depuis presque 18 mois pour faire de Plateforme 10 un quartier des arts sans précédent en Suisse, et préparer l’inauguration du deuxième bâtiment qui le compose. Des infrastructures aux expositions communes en passant par les animations culturelles, les horaires et les tarifs, tour d’horizon sur le présent et l’avenir de Plateforme 10.
ARC Jean-Bernard Sieber

Patrick Gyger, directeur général de Plateforme 10.

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L’esplanade entre les deux musées: du potentiel pour y organiser des manifestations culturelles en plein air.

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Une nouvelle politique tarifaire incitera les personnes visitant un musée (ici le MCBA) à voir les autres expositions.

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En bas à gauche, le Poste directeur, future porte d’entrée de Plateforme 10, appelé à devenir un lieu d’expression moins «poli» que les musées voisins.

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Avec toutes les équipes des musées et de la jeune Fondation Plateforme 10, Patrick Gyger s’apprête à prendre pleinement possession de l’ensemble du site avec ses musées, son esplanade, ses arcades, ses restaurants et ses terrasses, le tout jalonné de cheminements fleuris et chromatiques. «Ce qui se présente devant nous est très excitant, les superficies et les espaces, leurs qualités architecturales et urbaines, et nous avons tous hâte de voir comment ce quartier des arts va commencer à véritablement vivre au cœur de la cité. Tout cela est très prometteur». Directeur général de Plateforme 10 depuis le 1er janvier 2021, Patrick Gyger ne cache pas son impatience d’investir le lieu alors qu’il balaye du regard la grande esplanade située entre les deux édifices muséaux, dont on imagine facilement le potentiel pour organiser des manifestations culturelles en plein air. «C’est un magnifique espace, et nous allons pouvoir commencer à l’utiliser déjà cet été.»

Malgré son enthousiasme, Patrick Gyger tempère toutefois son impatience: «Même si l’ensemble du bâti est désormais posé ou presque (reste à imaginer un avenir pour le Poste directeur) – et même si l’entrée sera obstruée par des containers jusqu’à la fin du chantier de réaménagement de la gare CFF – je crois qu’il est un peu tôt pour donner une définition trop précise de ce que sera ce lieu qui, j’espère, ne sera jamais figé dans le temps, mais en mutation constante. À titre d’exemple, une fois que les espaces verts auront fleuri et que les arbres auront pris de la hauteur, l’impact visuel sera forcément différent. Et puis, il y a toutes sortes de questions sur les habitudes du public: la façon dont ils vont investir le lieu, si les piétons et les cyclistes vont s’approprier la rampe de mobilité douce entre le pont Marc-Dufour et la Place de la Gare, par exemple. Nous devons d’abord éprouver le site, voir comment le public en prendra possession, le vivra. Cela dit, lors d’événements passés, nous avons déjà constaté que l’endroit attire toutes sortes de publics, dont beaucoup de familles avec des enfants qui peuvent courir librement et découvrir les lieux sans risque.»

Un juste équilibre
Et puis il y a tous ces espaces discrets – presque secrets – comme le patio ou, plus vastes, comme le grand toit-terrasse situé de l’Élysée-mudac, donnant sur le lac. «On va maintenant devoir les tester en organisant différents types d’événements. L’assise de la Fondation de Plateforme 10, ce sont les trois musées et leurs collections, mais notre mission est aussi de faire vivre le quartier en créant chaque semaine des activités en lien avec les expositions (médiation, conférences, programmation événementielle, etc.). Ce sont de très beaux endroits, parfaitement adaptés à notre mission, mais nous ne savons par exemple pas encore comment ils réagissent acoustiquement. Sachant aussi que nous sommes dans un quartier d’une grande densité résidentielle, il va falloir trouver le juste équilibre: animer le quartier tout en évitant de créer des nuisances qui soient insupportables. Car ce quartier des arts doit être avant tout perçu comme un havre de paix, un lieu de repli, à quelques enjambées seulement d’une gare grouillante de monde et de bruits. C’est l’un de nos nombreux défis.» Le directeur général n’entend donc pas organiser des festivals chaque week-end, mais démarrer progressivement en créant des événements en lien avec les musées, en investissant l’esplanade entre avril et octobre – comme des projections extérieures ou l’installation d’un marché – puis d’exploiter les intérieurs pendant l’hiver, même si ceux-ci sont plus restreints.

Dans l’esprit d’une Kunsthalle
À l’avenir, le Poste directeur viendra compléter le dispositif en remplissant plusieurs fonctions. «Il est d’abord la porte d’entrée de Plateforme 10: il accueille les visiteurs. Mais c’est un endroit que j’espère moins «poli» que les espaces muséaux, que je vois davantage comme un lieu d’expression plus libre, dans un environnement moins fragile – sans nécessité d’un contrôle hygrométrique par exemple – un peu plus dans l’esprit d’une Kunsthalle; un lieu pour des performances, des rencontres, des projections et aussi pour favoriser la vie de quartier.

Même s’il peut abriter une partie des activités des musées, il ne doit pas rentrer en compétition avec eux. Il nous offrira aussi les espaces intérieurs qui nous manquent et qui nous permettront alors d’imaginer des partenariats avec des institutions tels que le Théâtre de Vidy, le Festival de la Cité, le Romandie ou encore la Fête de la Danse.» En attendant que le Poste directeur devienne un nouvel atout pour élargir l’offre culturelle et artistique de Plateforme 10, Patrick Gyger, toujours fourmillant d’idées, désigne la façade ouest du Musée cantonal des Beaux-Arts qui se déploie tel un écran géant et annonce un partenariat avec le Festival du film de Locarno et de belles projections cinématographiques pour cet été déjà…

Politique tarifaire incitative
Si les trois cafés-restaurants et leurs terrasses vont également participer à la vie du site au-delà des horaires habituels d’ouvertures des musées, Patrick Gyger explique que les jours de fermeture des trois institutions ont été également revus, «de façon à qu’il y ait toujours, sept jours sur sept, quelque chose à visiter sur le site. Nous allons également réfléchir à changer les horaires afin de mieux les adapter aux besoins des visiteurs.»

Comme le souligne le patron de Plateforme 10, le but est d’attirer du monde. Par le biais d’une exposition, bien sûr, mais cela peut aussi se faire grâce aux cafés et aux restaurants ou à la faveur d’événements particuliers. «Idéalement, il faut motiver le public à visiter les autres expositions et puis à revenir. Pour cela, nous avons également repensé notre politique tarifaire.» Désormais, le billet pour un musée sera de 15 francs au lieu de 20 actuellement au MCBA. Mais surtout, il existera un billet unique pour les trois musées au prix de 25 francs plein tarif – soit moins cher que deux billets – et valable durant trois mois pour une escale par musée: «Ce qui veut dire que si un visiteur qui va au MCBA ne trouve pas les autres expositions à son goût, il peut attendre les prochaines. Cela lui donne la liberté, pendant trois mois, d’y revenir à sa guise. L’offre étant importante, cela permet aux gens de prendre leur temps pour vraiment apprécier leur visite et les inciter à revenir deux semaines ou trois mois plus tard. Le billet est également transmissible.»

La billetterie s’enrichit également d’un billet «Duo» qui permet, pour la somme de 40 francs, de visiter à deux personnes les trois musées, ceci également pendant trois mois.

Regards croisés sur l’art
Plus de 500 œuvres de toute nature composent l’exposition TRAIN ZUG TRENO TREN. qui sera incontestablement l’un des moments forts de l’inauguration des 18 et 19 juin. Pour Patrick Gyger, cette exploration de l’univers ferroviaire symbolise parfaitement la dimension culturelle à laquelle aspire Plateforme 10, celle d’un lieu où l’art et la culture peuvent s’affranchir de leurs frontières: «Elle incarne parfaitement le moment, celui de l’inauguration. Mais il faut se rendre à l’évidence: une exposition de cette envergure mobilise de telles ressources humaines et financières – et implique une fermeture partielle des trois musées à son terme – que nous n’aurions pas les moyens d’en assumer une autre, du moins pas ces prochaines années. Je préfère que les trois institutions se fassent écho de manière plus régulière.

Un musée choisit son thème d’exposition et les autres lui répondent à leur manière: cela va d’un accrochage à une projection de films en passant par une conférence dans leurs espaces respectifs. Il ne doit pas y avoir de limite, juste que ces liens résonnent avec cohérence et pertinence. Ces fils rouges doivent se tisser au gré des propositions, et susciter des envies d’ouvrir de nouvelles frontières auprès du public comme des partenaires culturels.»