L’engouement pour le photovoltaïque est en plein essor dans le canton. C’est en tout cas l’avis de John Morello: «Nous avons plus de 2000 demandes en attente et nous comptons bientôt franchir un nouveau cap», se réjouit le cofondateur et CEO de FreeSuns. La start-up fondée à Colombier-sur-Morges a développé et fabrique des tuiles qui, sur le papier, n’ont que des avantages en comparaison des panneaux solaires classiques.
«Nous pouvons nous adapter à toutes les formes et dimensions de toitures», résume Benoit Emery, l’un des huit employés. À ce jour, celle-ci produit quatre sortes de tuiles, dont l’une des particularités est de ressembler à s’y méprendre à celles d’un toit habituel. «Grâce à cela, nous avons pu couvrir la toiture d’une dépendance du Grand Chalet Balthus à Rossinière, qui est protégé en classe 1.» Baptisée Héritage, la dalle couvrante utilisée pour ce projet est d’ailleurs la plus vendue de l’entreprise à ce jour.
Question d’argent
Comme pour d’autres acteurs du marché, le ciel de FreeSuns n’est pas complètement exempt de nuages. «De nombreux clients potentiels n’ont pas le droit de poser du photovoltaïque sur leur toit. Nous devons dialoguer avec les communes pour présenter ce que nous faisons et expliquer que l’esthétique des bâtiments est préservée», témoigne Benoit Emery.
L’autre frein à l’installation est financier. Un exemple: à un jet de pierre du berceau de FreeSuns, la municipalité d’Echichens a opté pour des dalles, une solution intermédiaire moins onéreuse, entre les panneaux solaires et les tuiles, lors de la rénovation de sa salle polyvalente.
John Morello assure que le prix de ses produits est proche de celui de panneaux solaires – soit entre 100 et 500 francs le mètre carré. «Le coût total dépend des situations. Nos tuiles sont idéales dans le cas d’une nouvelle construction ou d’une rénovation. Et à terme, le retour sur investissement est meilleur.» Autre atout mis en avant par le chef d’entreprise: ses tuiles peuvent être installées par n’importe quel couvreur… moyennant une formation préalable de quelques heures.
Quête de partenariats
Hormis les particuliers, entreprises et cantons manifestent aussi un intérêt croissant pour équiper leurs toits. «Nous avons eu des échanges avec les cantons de Vaud, du Valais et de Neuchâtel, se réjouit John Morello. On nous a demandé si nous pouvions produire en Suisse. Ce serait évidemment plus écologique et on pourrait livrer plus rapidement.» Car aujourd’hui, les tuiles sont fabriquées dans l’usine chinoise de la start-up. Pour réussir son virage local, FreeSuns entend remplacer certains de ses composants par du verre recyclé, matériau qu’elle estime sous-utilisé en Suisse. En espérant, dans l’intervalle, élargir son champ d’action à la Suisse alémanique, puis à certains pays d’Europe. «Mais pour construire cette usine suisse, il faudrait 100 millions de francs », confie le cofondateur.
À terme, la technologie née dans les hauts de Morges pourrait s’imposer comme une nouvelle norme, selon ses créateurs. Selon la Direction de l’énergie de l’État de Vaud, «le solaire photovoltaïque est la ressource renouvelable qui pourrait représenter la plus grande partie de l’approvisionnement électrique du canton. Avec un objectif de production de 1600 GWh/an, elle pourrait en effet couvrir le tiers de notre consommation en 2050.» Or «pour atteindre l’objectif du Plan climat vaudois, à savoir 900 GWh/an en 2030, le rythme de déploiement de cette technologie doit être multiplié par trois.»