Economie durable
SPECIAL CLEANTECH

Pour que les «belles technologies» s’appliquent aux cleantech

Rapide tour d’horizon du présent et de l’avenir des cleantech grâce à deux responsables de l’Innovation Park de l’EPFL.
ARC Jean-Bernard Sieber

Jean-Philippe Lallement et Davor Kosanic, de l’Innovation Park de l’EPFL, où 10% de sociétés hébergées relèvent des cleantech.

ARC Jean-Bernard Sieber

Alain Herzog – EPFL

Parmi ses locataires, l’Innovation Park de l’EPFL enregistre 10% de sociétés actives dans les cleantech.

Alain Herzog – EPFL

ARC Jean-Bernard Sieber
Alain Herzog – EPFL

Situé au cœur de l’EPFL, l’Innovation Park réunit en son sein plus de 200 entreprises high-tech qui bénéficient de la proximité du campus, avec ses 300 laboratoires de recherche et ses 10’000 étudiants. Son directeur général Jean-Philippe Lallement et son responsable de l’innovation durable Davor Kosanic s’accordent à dire que le recensement exhaustif des entreprises cleantech ne va pas de soi. «Par essence, nous sommes multidisciplinaires, donc nous n’avons pas un secteur qui leur soit spécifiquement dédié.»

Aujourd’hui, on peut toutefois en dénombrer une quinzaine qui sont clairement libellées dans ce secteur. Elles sont surtout actives dans des domaines tels que l’hydrogène, le solaire et la gestion décentralisée de l’électricité, mais on y trouve aussi des jeunes sociétés qui se sont lancées, notamment, dans le recyclage chimique du PET, la valorisation de la biomasse ou du plastique ou encore l’amélioration du ciment qui pourrait réduire de 20 à 30% son émission de CO2. 

Comment faciliter l’accès au marché
Selon Jean-Philippe Lallement, la plupart des «belles technologies» pourraient s’appliquer au domaine des cleantech, mais les entreprises ne le font pas toujours, peut-être parce l’accès à ce marché n’est pas forcément facile: «Si on voulait en avoir beaucoup plus, il faudrait peut-être développer un programme à l’image de ce que fait le Bureau de transfert de technologies et d’incubation d’entreprises de l’Agence spatiale européenne, dont l’objectif est de favoriser la création d’entreprises grâce au transfert de technologies issues du domaine spatial vers d’autres domaines. Ce qui leur permet d’élargir le champ d’application de ces technologies. Et de les rendre ainsi commercialement plus intéressantes.»

Parmi ses locataires, l’Innovation Park enregistre 10% de sociétés dans les cleantech, 40 % en informatique et communication et 25% à 30% dans les sciences de la vie. «En importance, les cleantech figurent au cinquième rang. Ce serait déjà formidable qu’elles grimpent au premier ou au deuxième rang, cela constituerait alors un véritable signal!»

Pour Jean-Philippe Lallement, il s’agit désormais de quantifier l’impact de ces innovations en attendant qu’elles atteignent une masse critique et qu’elles deviennent ainsi réellement significatives par rapport aux enjeux: «Aujourd’hui, on gratte encore la surface. Par analogie, le seul domaine où l’on mesure actuellement un véritable impact sociétal est celui des sciences de la vie, qui développe des solutions utilisées par des centaines de milliers, voire des millions de gens. Permettre que les cleantech se hissent au niveau des sciences de la vie serait un bel objectif pour la Suisse.»

Dans un même esprit, Davor Kosanic constate encore une faible utilisation des technologies numériques dans la transformation de l’industrie: «On peut citer de nombreux exemples pour faire un café à la température parfaite, mais on pourrait tout aussi bien utiliser la force des technologies digitales pour les voitures électriques, notamment pour suivre la santé de la batterie et allonger sa durée de vie, par exemple.» 

En guise de conclusion, Davor Kosanic partage volontiers sa vision de l’avenir: «Que l’EPFL devienne un pionnier, voire un leader en matière d’économie régénérative et de cleantech et que l’on parvienne à créer un écosystème d’innovations durables tout en utilisant l’existant. Que cela ne soit plus simplement du bonus, mais une partie structurelle de l’innovation.»