Professeur au Département des opérations de la Faculté des hautes études commerciales de l’Université de Lausanne, Olivier Gallay étudie de près l’optimisation des réseaux de transport, la gestion des chaînes logistiques, ainsi que la logistique durable. C’est peu dire que sa réflexion et son travail le projettent au cœur même de l’univers des cleantech. «Un vaste domaine, comme il aime le qualifier, qu’il ne faut pas considérer uniquement sous un angle technique, mais aussi en lien avec un changement durable de certaines pratiques humaines. Et de citer le e-commerce qui est en constante augmentation et participe ainsi à la croissance économique. «Sérieux revers de la médaille, il génère une augmentation du trafic de véhicules, constate Olivier Gallay. Idéalement, il faudrait modifier les mentalités…
Mais faisons déjà en sorte que la technologie vienne soulager le poids que nous faisons peser sur notre environnement: grâce à des véhicules moins polluants, ou en utilisant des algorithmes afin de réduire le nombre des déplacements en les rationalisant.»
Comme beaucoup d’autres secteurs, celui du transport traverse une période de bouleversements profonds. Les nouvelles technologies et les modèles économiques comme les tendances sociales viennent transformer la manière dont les passagers voyagent, dont le fret s’organise. Selon Olivier Gallay, seul un petit nombre de ces technologies auront un effet réel: «Il faut agir à tous les niveaux. Les petites solutions avec de petits effets doivent être doublées par des mesures qui touchent un plus grand nombre d’individus et qui auront de facto un plus grand impact. Il n’existe pas de solution miracle.»
Olivier Gallay rappelle également l’importance pour toute technologie d’atteindre la masse critique sans laquelle il est difficile d’obtenir un réel impact sur l’environnement. Un grand nombre de constructeurs automobiles ont dans leur catalogue un modèle qui fonctionne à l’hydrogène, mais tous sont encore très chers. Pour faire baisser les prix, il faudrait vendre ces véhicules à grande échelle, mais les réseaux de distribution sont peu développés, précisément à cause de leur prix. «Comme trop souvent, c’est le serpent qui se mord la queue» se désole Olivier Gallay. Et de rappeler que l’État peut jouer un rôle déterminant pour sortir de ce genre d’impasse. Notamment, il peut encourager une filière plutôt qu’une autre en augmentant ou réduisant les taxes, en offrant des avantages fiscaux ou en y contribuant directement grâce à des primes à l’achat.»