Economie durable
SPECIAL CLEANTECH

L’EPFL, une pionnière des cleantech

Pour Andrea Crottini de l’EPFL, l’avenir se dessine comme un patchwork de toutes les technologies nouvelles.
Alain Herzog EPFL

Andrea Crottini, à la tête de l’Office de transfert de technologie de l’EPFL.

Alain Herzog EPFL

Au poste qu’il occupe à l’École polytechnique fédérale de Lausanne (EPFL), Andrea Crottini bénéficie d’une vue privilégiée sur toutes les tendances technologiques du moment. Et pour cause, il est à la tête de l’Office de transfert de technologies (qui est en charge de la gestion des inventions faites au sein de l’école, de leur protection par brevets et de leur valorisation). Il est également bien placé pour rappeler que l’EPFL et ses chercheurs se sont passionnés pour les cleantech quand personne ne pensait même les désigner ainsi, bien avant la vague verte et le grand essor du développement durable de ces dernières années.

«L’EPFL a probablement joué un rôle de pionnier dans la recherche sur l’énergie solaire», note Andrea Crottini. Et de citer, notamment, le professeur Michael Grätzel mondialement connu pour avoir inventé, en 1991, les cellules solaires à pigment photosensible, à la base des capteurs photovoltaïques qui portent toujours son nom. «Aujourd’hui, l’accent est clairement mis sur le secteur cleantech. Ce qui a pour avantage de faciliter le financement des start-up qui peuvent désormais passer une vitesse supérieure.» Cet engouement ne doit pas faire oublier qu’il s’agit souvent de technologie lourde, dont il faut valider les prototypes ou les démonstrateurs. 

Les tests se font à taille réelle, ce qui implique la plupart du temps la mobilisation de moyens considérables. Même pour un «simple» algorithme, les contrôles peuvent être compliqués: «Donc ça prend du temps.» 

Deux grandes familles de cleantech
S’il constate l’immense diversité des entreprises cleantech, Andrea Crottini distingue néanmoins deux grandes familles. Premièrement, celles qui se concentrent sur la gestion d’un système ou d’un outil de production et de distribution. «On essaie de faire mieux ce que l’on sait déjà faire. 

En améliorant le rendement, on permet une diminution de la consommation d’énergie, donc on rejette moins de dioxyde de carbone dans l’atmosphère. Cette approche n’est pas forcément plus facile. On touche à des domaines bien établis et personne n’a spontanément envie de changer son usine. Les entreprises qui développent des algorithmes et des systèmes de contrôle appartiennent souvent à cette catégorie.»

La deuxième grande famille est selon lui celle qui s’attaque à la production d’énergies renouvelables. Dont tous ceux qui ont la conviction que la voiture roulera un jour grâce à la biomasse ou à l’hydrogène. Mais il s’agit là d’une transition beaucoup plus lourde puisqu’elle induit un changement radical de paradigme. «Cela dit, grâce à la tendance actuelle, les grandes entreprises ne peuvent plus faire comme si de rien n’était, remarque Andrea Crottini. Un simple exemple: longtemps les cimentiers pouvaient ne pas se soucier du climat, aujourd’hui c’est plus compliqué pour eux. 

D’autant que certaines entreprises se sont mises au travail pour obtenir un ciment de meilleure qualité, mais avec moins de minéraux, moins de carbonate, tout assurant une construction aussi solide avec une empreinte carbone inférieure.»

Comme patron de l’Office de transfert de technologie, Andrea Crottini préfère être prudent lorsqu’il s’agit d’imaginer le futur: «Au risque d’être banal, je pense que nous assisterons à un mélange de tout cela, ce sera un véritable patchwork, bien orchestré, qui assemblerait toutes ces technologies nouvelles et complémentaires. 

Avec au final, une amélioration de l’efficacité de certaines productions, une baisse de la consommation ainsi qu’un apport de nouvelles sources d’énergie, des solutions de stockage et distribution.»