Economie durable
SPECIAL CLEANTECH

Un rendement record pour le soleil

En se basant sur une technologie spatiale, la start-up lausannoise Insolight a développé des panneaux solaires qui atteignent un rendement de 29%. Ces résultats lui ont permis de réunir 5 millions de francs.
ARC Jean-Bernard Sieber

Laurent Coulot, fondateur d’Insolight, et un panneau de cellules dont la technologie reproduit les conditions d’une serre.

ARC Jean-Bernard Sieber

es modules photovoltaïques développés par la start-up installée à l’Innovation Park de l’EPFL permettent une approche nouvelle dans le domaine de l’énergie solaire. Ils ont été imaginés à partir de minuscules cellules solaires à haut rendement qui absorbent la lumière grâce à des lentilles placées au-dessus de la couche de cellules. Cette dernière se déplace en fonction de la position du soleil, un mouvement de quelques millimètres seulement qui permet de suivre les variations d’incidence des rayons du soleil. Ce dispositif peut être utilisé sur un panneau solaire traditionnel afin de maximiser la production d’énergie. Alors que les modules photovoltaïques classiques atteignent des rendements de l’ordre de 17 à 20%, ceux d’Insolight ont été testés par un laboratoire indépendant à l’Université polytechnique de Madrid. Le résultat est sans appel: les panneaux enregistrent un rendement record de 29% sous lumière directe. 

L’agrivoltaïque en vedette
Comme ces panneaux sont translucides, ils permettent de produire à la fois de l’électricité solaire et une sorte «d’engrais solaire» pour la production agricole, en reproduisant les conditions d’une serre grâce à une transmission maximale de lumière diffuse. En conséquence de quoi, plutôt que de destiner cette technologie au marché de l’habitation dont les surfaces de toiture sont limitées, Insolight a préféré se tourner vers le secteur de l’agriculture. «Dans le domaine de l’énergie solaire, l’enjeu est d’augmenter les rendements pour produire plus d’électricité et amortir plus rapidement les coûts, explique Laurent Coulot, patron d’Insolight. L’équation est simple: plus on augmente la production au mètre carré, plus on réduit les coûts liés à l’installation des panneaux.» 
 

Non sans raison, le marché de l’agrivoltaïque est en pleine expansion. On estime qu’il représente déjà un milliard de revenu annuel à travers le monde. Grâce notamment aux effets d’annonce des grands groupes. Mais le rendement n’est pas le seul enjeu. En équipant des serres qui comptent au minimum 5000 mètres carrés, on peut ouvrir un déploiement massif de panneaux solaires. Sur un territoire relativement restreint comme la Suisse, cela permet de trouver de nouvelles surfaces de déploiement au solaire sans sacrifier des terres. «Pour atteindre les objectifs fixés par l’Union européenne, il faudrait chaque année consacrer une nouvelle surface équivalente à la métropole lyonnaise aux panneaux solaires. C’est peu dire que la pression sur le terrain est énorme», souligne Laurent Coulot. 

Une approche pragmatique
Tout est allé très vite pour la petite société lausannoise dont les bureaux sont toujours situés dans l’Innovation Park de l’EPFL. Quelques années seulement se sont écoulées depuis les tout premiers stades de validation en 2016 – d’abord en laboratoire puis sur des toits de l’EPFL –, puis l’octroi d’une subvention de dix millions de francs de l’Union européenne en 2019 et enfin, en début d’année, une levée de fonds Série A, qui lui permet de récolter cinq millions supplémentaires destinés à la commercialisation de son produit. 
«Maintenant, il s’agit de livrer nos modules sur le marché. Désormais à nous de faire la différence, de vendre et livrer nos clients», conclut Laurent Coulot, qui ne manque pas de rappeler que l’univers du solaire est un marché complexe, chaque pays étant différent, qu’il s’agisse des normes, de configurations géographiques et climatiques infinies.