Parce qu’il partait du principe que tout le monde doit avoir accès à l’eau potable à un prix à la fois abordable et acceptable, Renaud de Watteville a commencé par créer l’entreprise Swiss Fresh Water en se donnant pour mission de fabriquer un système de traitement de l’eau qui soit de qualité, facile à installer et économique, le tout complété par un service de maintenance fiable géré grâce à Internet. Comme ce projet lui tenait à cœur, le Vaudois a aussi voulu lui donner une dimension plus humanitaire en créant Access to Water, une fondation à but non lucratif.
«Rapidement, nous nous sommes rendu compte que nos activités techniques devaient être séparées de nos activités communautaires, raconte Renaud de Watteville. Nous avons donc regroupé celles sans but lucratif au sein de la fondation.» L’objectif était de réunir des fonds et des dons pour installer des kiosques à eau dans les communautés privées d’accès à l’eau potable grâce à un modèle d’affaires se voulant à la fois simple et économiquement viable:
«La fondation achète des machines de traitement, des panneaux solaires, des réservoirs et des motos pour l’approvisionnement en eau puis installe le matériel dans des kiosques gérés par des entrepreneurs au niveau local, explique Renaud de Watteville. Ces gérants vendent ensuite l’eau purifiée à la population locale à un prix socialement acceptable et les recettes servent ensuite à financer l’entretien des machines. Ce modèle permet à chaque maillon de la chaîne de sortir gagnant.»
Pour faire face aux besoins de croissance, début 2020, Acess to Water a remis la chaîne de kiosques Diam’O (la dénomination utilisée par les gérants de kiosque au Sénégal) à Swiss Fresh Water SA, entreprise socialement responsable, ceci afin de permettre l’arrivée d’investisseurs privés. Les machines sont toujours opérationnelles à ce jour.
Ce sont les petites rivières…
Depuis sa création, la fondation et son partenaire historique Swiss Fresh Water ont permis à 350’000 personnes de disposer d’un accès à l’eau potable et la création de quelque 600 emplois directs et indirects. En sept ans, les kiosques Diam’O ont produit plus 154 millions de litres d’eau potable, dont 36 millions de litres pour la seule année 2019.
Selon Renaud de Watteville, le projet a généré un fort impact sanitaire, social, économique et environnemental. Plus précisément, la santé générale des populations s’est améliorée grâce à la réduction des maladies liées à une eau polluée ou infectée. Le Vaudois a observé également une réduction de la fluorose, mais surtout de la diarrhée, principalement responsable de la mortalité infantile.
Ce qui a eu comme effets secondaires une diminution de l’absentéisme au travail et la création de nombreuses places de travail. «En permettant une amélioration de la qualité de la vie locale, notre programme contribue au ralentissement de l’exode rural. Tout comme il permet une réduction de l’empreinte écologique grâce à une diminution des déchets, au recyclage de jerrican et à une limitation des transports grâce à la production de l’eau sur les sites mêmes de consommation», souligne l’entrepreneur vaudois.
Un nouveau défi
C’est en 2018 que Renaud de Watteville a quitté Swiss Fresh Water pour se consacrer uniquement à la fondation dont les bureaux sont situés sur le campus de l’EPFL. Une heureuse proximité qui permet à la fondation d’intégrer des étudiants en Sciences de l’environnement dans des réflexions sur la manière d’adapter la technologie aux pays en développement et à leurs contraintes. Ils participent actuellement au développement de systèmes de traitement d’eau destinée à des postes de santé et des hôpitaux.
En effet, Renaud de Watteville s’est lancé dans un nouveau défi : trouver une solution pour les zones reculées, loin des grands axes de communication. «Nous travaillons à un système d’accès à l’eau potable destiné aux postes de santés, aux écoles, aux associations de femmes. Ces machines produiront quelque 800 litres par jours. L’eau ainsi purifiée sera destinée aux élèves, au personnel soignant et aux patients.»