Economie durable
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Une pile à combustible vaudoise séduit l’UE

Plus légère, plus résistante, meilleur marché, une micropile à combustible, alimentée par hydrogène et imaginée par EH Group a tout pour séduire un marché en plein développement.
ARC Jean-Bernard Sieber

Mardit Matian: «Notre marché immédiat sera celui des poids lourds et des bus électriques.»

ARC Jean-Bernard Sieber

Elle se résume en cinq adjectifs: compacte, légère, rigide, résistante et bon marché. La pile à combustible alimentée par hydrogène et développée par EH Group cumule les avantages. «On entendait trop souvent dire que la fabrication de cette technologie était complexe, lourde à mettre en place et coûteuse. Notre but était de développer une solution qui résolve tous ces problèmes», explique Mardit Matian, directeur d’EH Group et fondateur de la jeune entreprise.  
Des années de recherche et de nombreux tests en laboratoire ont permis à l’entreprise vaudoise de développer deux modèles: la mini-stack (que l’on peut traduire par mini-pile) pour les petites applications jusqu’à 4 kW et la maxi-stack pour celles demandant jusqu’à 100 kW. Contrairement aux piles existantes, celles-ci sont plus légères, rigides et résistantes. Elles ont également été repensées et simplifiées pour les rendre plus compactes, plus légères, mais surtout moins coûteuses à produire. Grâce au procédé de production de EH Group, elles reviendront à moins de 50 francs le kilowatt. «Nous avons mis au point un produit à la fois moins cher et facile à manufacturer. Le marché est immense», se réjouit Mardit Metian, convaincu que son entreprise peut désormais rêver de jouer dans la cour des grands.  

En route vers la commercialisation
Et il a probablement de bonnes raisons d’y croire. En décembre dernier, la Fondation pour l’innovation technologique (FIT) a octroyé un prêt de 100’000 francs à la start-up. Le procédé a également convaincu le comité Horizon 2020, le programme de soutien à l’innovation et à la recherche de l’Union européenne qui a décidé de lui accorder une bourse d’un montant de 1,5 million d’euros.
Ces fonds lui permettront de réaliser un prototype commercial de son produit, afin d’évaluer et d’améliorer son design auprès de la clientèle. «Notre prochaine étape sera sa commercialisation. Maintenant que nous avons réussi à drainer des fonds vers l’entreprise, nous devons étoffer notre équipe composée de huit personnes», précise Mardit Matian qui espère pouvoir lancer la production de masse dans un délai de deux ans. 
EH Group connaît son cœur de cible: «Notre marché immédiat sera celui des poids lourds et des bus électriques. Pour ces grands véhicules, les batteries ne sont pas une solution envisageable, car vous auriez besoin de plusieurs tonnes de piles conventionnelles pour assurer leurs déplacements quotidiens. En parallèle, nous ne devons pas oublier le milieu maritime et le monde ferroviaire, qui sont tous deux trèsdemandeurs d’une solution moins polluante. 

L’hydrogène, rock star des énergies

Non seulement l’hydrogène (H2) est l’élément chimique le plus abondant dans l’univers, mais il a également deux grandes qualités. Il permet de stocker d’énormes quantités d’énergie et il peut être recombiné avec du dioxyde de carbone (CO2) pour former du méthane. C’est en réalité une énergie idéale, pour autant qu’elle soit produite à partir d’énergie renouvelable (hydraulique, éolien, solaire, etc.). La manière la plus « propre » de produire de l’hydrogène est de le faire par électrolyse de l’eau. Le gaz peut ensuite être injecté dans une pile à combustible où il est mélangé à l’air, produisant ainsi un courant électrique. Sur le marché, il existe déjà quelques modèles de voitures roulant à l’hydrogène. Les piles à combustible peuvent également produire de l’électricité et de la chaleur pour un immeuble. 

En tournée internationale
Pour toutes ces raisons, on peut avancer que la transition énergétique ne se fera pas sans l’hydrogène. Depuis le début de l’année, les annonces dans ce sens se multiplient. Un mastodonte comme la Chine a fait de l’hydrogène la priorité de ses investissements dans l’énergie. Ensuite, l’Allemagne et la France ont annoncé respectivement neuf et dix milliards d’euros pour développer les technologies dans le secteur de l’hydrogène. De même, l’Union européenne a présenté au mois de juillet une feuille de route ambitieuse pour assurer une transition énergétique vers l’hydrogène d’ici 2050. Indéniablement, comme l’a dit Frans Timmermans, le vice-président de la Commission européenne, l’hydrogène est la «rock star des nouvelles énergies à travers le monde».