Si vous avez plus de 50 ans, un peu de temps et beaucoup d’amour, «Grands-Parents de Cœur» est peut-être pour vous. Marie-Jo Marquis, coordinatrice d’Être grands-parents aujourd’hui au sein du Mouvement des Aînés Vaud, s’engage avec conviction pour ce projet. «La Croix-Rouge jurassienne avait lancé ce programme en 2018: il s’agissait de mettre en lien des trios – enfant(s) / parent(s) / senior(s) – souhaitant développer une relation sur le long terme.»
Convaincue que le lien intergénérationnel est « un bonus » pour l’enfant comme pour le senior, Marie-Jo Marquis démarre le projet vaudois en février 2020. «On a eu le temps de bâtir quelques trios et, malgré le Covid, ça a tenu et ça tient encore.»
Aujourd’hui épaulée par une petite équipe, elle gère une quinzaine de trios avec pour objectif d’en créer dix nouveaux, chaque année. Une des conditions? La proximité géographique, gage de réussite. «Pouvoir croiser son grand-parent de cœur dans la rue, de manière inopinée, c’est aussi ce que l’on souhaite.»
«Quand ça fonctionne, c’est magique»
Les familles qui se prêtent à l’expérience sont souvent expatriées: «Les grands-parents sont loin et les parents trouvent triste de priver leurs enfants de ce lien si précieux avec des aînés. Par ailleurs, c’est aussi un joli moyen de s’intégrer dans le pays, de se connecter aux coutumes, à l’Histoire…»
Car les seniors participants (plutôt de jeunes retraités autour de 65, 70 ans et majoritairement des femmes) sont installés en Suisse depuis toujours ou depuis longtemps. Si certains n’ont pas eu d’enfants, d’autres ne sont pas sans famille: «Nous avons par exemple une dame de 80 ans, déjà arrière-grand-mère, mais qui ne voit pas assez ses petits-enfants…»
Pour ces seniors, dont beaucoup ont la fibre sociale, c’est une ouverture, la possibilité d’être plus connecté avec la nouvelle génération, que ce soit à travers des visites régulières, des sorties culturelles ou des promenades. «Quand ça fonctionne, c’est magique! » s’enthousiasme Marie-Jo Marquis.
Un programme très encadré
Selon elle, si la greffe prend bien c’est que les relations intergénérationnelles relèvent vraiment de l’histoire naturelle… «Pour moi c’est comme un arbre : le senior, c’est les racines, les parents, le tronc et les enfants, les branches.» Tout un écosystème qui ne demande en somme qu’un peu d’arrosage au démarrage: la mission de Marie-Jo et de ses collègues, qui font un vrai suivi pendant un an. «Après, on ne veut surtout pas s’imposer! Mais au début, plein de questions se posent comme dans n’importe quelle relation. Si quelque chose coince, c’est souvent à cause d’un simple problème de communication.» Sa plus grande attention? La sécurité. «Nous demandons par exemple aux seniors l’extrait spécial du casier judiciaire visant à protéger les mineurs, ainsi que la signature d’un engagement éthique.»
Des seniors disponibles, mais pas à disposition
«Mais attention, les grands-parents de cœur ne sont en aucun cas des baby-sitters ! Ils sont disponibles, mais pas à disposition», prévient Marie-Jo Marquis. Si ses trios sont tous au bénéfice d’une structure de garde, elle reconnaît qu’elle reçoit beaucoup de demandes dans ce sens… Une chose est sûre: «Ici, on choisit d’être grands-parents et notre rôle est de les accompagner individuellement dans cette démarche pleine de sens». Dans les tuyaux, la mise sur pied d’une demi-journée de formation continue par an à leur attention sur des thèmes aussi divers que le développement de l’enfant ou «apprendre à dire non».
Plus d’infos:
egp@mda-vaud.ch
Tél. 021 311 13 39
etregrandsparents.ch