L’allongement de l’espérance de vie est une bonne nouvelle, surtout quand on sait que la plupart des Vaudoises et de Vaudois sont encore en bonne santé durant les dix à quinze ans qui suivent leur départ à la retraite. Le vieillissement de la population impacte cependant le système de santé. «Nous devons anticiper un double effet, analyse Gianni Saitta. Une personne de 80 ans a besoin de plus de soins et nous devons donc nous attendre à une demande croissante en prestations. Parallèlement, une partie importante des professionnels des soins appartient à la génération des baby-boomers. Leur départ à la retraite va se faire sentir dans des secteurs où il y a déjà une pénurie.»
Lutter sur plusieurs fronts
Les personnes âgées, surtout après 80 ans, ont ce qu’on appelle des polymorbidités: elles cumulent plusieurs pathologies, souvent chroniques comme le diabète ou l’hypertension, ce qui rend leur prise en charge plus complexe. Elles peuvent aussi connaître un déclin fonctionnel ou cognitif qui entraîne une perte d’autonomie. Pour leur offrir des soins de qualité, la Direction générale de la santé (DGS) travaille sur plusieurs axes. D’abord via des actions de promotion de la santé et de prévention : on peut penser par exemple aux ateliers de familiarisation avec l’offre pour le maintien en santé ; elle s’adresse aux seniors issus de la migration (qui incluent par exemple des idées de recettes pour manger sainement, ou d’exercices pour garder sa force et sa mobilité), aux consultations pour reprendre une activité physique adaptée à cette phase de la vie ou encore à des cours pour favoriser un déplacement autonome (lire encadré).
Ensuite, en identifiant dès aujourd’hui les besoins de demain et des solutions pour les combler. «Nous nous sommes par exemple fixé pour objectif dans notre plan stratégique de lister les actions prioritaires pour la prévention, la détection, la prise en soins et l’autogestion de maladies chroniques, avec l’ensemble des partenaires concernés, mais aussi les patients eux-mêmes et leur entourage», explique Gianni Saitta. C’est qu’avec une population moins autonome, le rôle des proches aidants va devenir plus important. Les impliquer pour trouver ce qui leur convient le mieux est essentiel.
«Garder les seniors en santé le
plus longtemps possible»
Parallèlement, les institutions qui prennent en charge ces seniors lorsqu’ils quittent leur domicile, à savoir l’hôpital ou l’EMS, doivent également s’adapter à ce nouveau type de patientèle. Les solutions pour lutter contre la pénurie d’infirmiers et d’infirmières et d’autres professionnels de la santé ont fait pour leur part l’objet d’un programme spécifique, InvestPro. Il a pour but notamment de faire la promotion de ces métiers auprès des jeunes et de maintenir en activité les personnes déjà formées en améliorant leurs conditions de travail. Mais la DGS va aussi déployer d’autres projets plus spécifiquement en lien avec les seniors, comme la possibilité de mener une réadaptation à domicile après une fracture ou développer ses compétences en gériatrie/psychogériatrie par exemple, une réflexion sur les missions du médecin de famille en EMS, une consolidation des soins à domicile. «Notre objectif est de garder les seniors en santé le plus longtemps possible, d’en faire des partenaires, avec leurs proches, pour leur prise en charge médicale, et de leur offrir la meilleure qualité et sécurité des soins possible», conclut Gianni Saitta.