Bien vieillir
Enjeux et besoins

Rencontre avec Danièle Béguin, DRÔLE DE DAME au LADA

À 90 ans, Danièle Béguin est ce que l’on peut appeler une pionnière. Diplômée de yoga en 1967, elle est la première à dispenser cette discipline dans le canton de Vaud. En 2018, elle fait également partie des premiers locataires du nouveau LADA de la Croix-Blanche à Epalinges. Elle nous reçoit chez elle.
ARC Jean-Bernard Sieber

Danièle Béguin montre à l’animatrice Marie Freudiger des images d’elle-même, quand cette pionnière vaudoise du yoga pouvait encore se contorsionner sans y penser.

ARC Jean-Bernard Sieber

On sonne chez Danièle, au troisième étage. Une dame élégante, boucles d’oreilles et collier en turquoise, nous ouvre, rayonnante.

Dans son deux pièces de 50 m2 avec balcon, le quotidien et les souvenirs vivent en bonne intelligence. Aux murs de la cuisine ouverte et du salon tout en longueur («un peu sombre» à son goût), des mandalas aux couleurs éclatantes et un portrait de Doubi, son chat adoré qu’elle a croqué à l’acrylique; dans sa chambre, transformée la journée en petit bureau, un cadre qu’elle est en train de peindre, une bibliothèque remplie de livres sur le yoga et quelques photos d’elle, à l’époque où elle pouvait encore se contorsionner ou faire la salutation au soleil, sans y penser.

Pourtant, Danièle n’a pas eu ce qu’on peut appeler une existence zen. Née à Paris en 1940, d’une mère française et d’un père suisse, elle évoque encore avec émotion la guerre et son cortège de peurs et de privations. Élevée loin de ses parents, chez des parents en Suisse alémanique, puis dans des pensionnats, Danièle développe à 19 ans une polyarthrite qu’elle finira par apprivoiser grâce au yoga, qu’elle enseignera jusqu’à ses 83 ans. Aujourd’hui, elle en fait «presque tous les jours» sur le tapis de sa petite chambre et enseigne même le «yoga assis» de façon bénévole à l’EMS de la Girarde non loin, tous les mercredis.

 

S’est-elle mariée? A-t-elle eu des enfants? «Je me suis oubliée», résume-t-elle avec pudeur, préférant parler de sa nièce dont elle s’est beaucoup occupée.

Femme indépendante, qui se souvient de trois amours ayant compté, elle se félicite d’avoir atterri ici, même si elle rêve d’un peu plus d’espace: «Aujourd’hui, ma maison de la Sallaz, à Lausanne, est rasée, ça fait bizarre…»

Avec sa retraite de 1600 fr. et quelques prestations complémentaires, Danièle paye un loyer de 950 fr., ce qui ne l’empêche pas de profiter de la vie comme elle va: «Je sors presque tous les jours, je vais au café, et à la piscine en été, car j’ai une voiture». Marie Freudiger, l’animatrice socioculturelle, abonde avec admiration: «Danièle participe à tout! Elle a même joué dans une pièce de théâtre en juin dernier, c’était la plus âgée…»

Sur la table basse, un petit livre de citations s’ouvre comme par enchantement sur une phrase de Jean Cocteau: «Le bonheur est une longue patience».