Un jeudi de septembre à Epalinges. En face de l’arrêt Giziaux du bus 45, à 25 minutes de la Gare de Lausanne. Le LADA de la Croix-Blanche 35 jouxte une boulangerie où trois dames refont le monde autour d’un café. Sagement parqués à l’entrée, leurs déambulateurs regorgent d’achats faits à la Migros, à quelques minutes à pied de là. Il est dix heures et, malgré la pluie diluvienne, la vie quotidienne bat son plein.
Dans le grand hall lumineux du LADA, de vigoureux encouragements se font entendre: «Et on tend les bras, et un, et deux!» À gauche, dans le prolongement d’une cuisine et d’une salle à manger communautaire (BILLY), se trouve la salle de conférence et de projection (MELLBY), où divers cours sont donnés chaque semaine à la population palinzarde.
Une animatrice socioculturelle dédiée
C’est pourtant dans l’espace EKBY, vaste pièce de vie à droite du hall principal, cette fois réservée aux locataires du LADA, que l’animatrice socioculturelle Marie Freudiger nous reçoit, pleine d’énergie. «L’immeuble a pu être construit grâce à une donation d’Ingvar Kamprad (ndlr: fondateur d’Ikea, qui a vécu à Epalinges de 1976 à 2013), d’où ces noms de salles exotiques », explique-t-elle.
Engagée au Centre d’animation socioculturelle palinzard (CAP), où la jeune femme travaille avec des enfants et des adolescents, elle consacre l’autre moitié de son temps à l’animation de la Croix-Blanche 35, depuis l’inauguration du bâtiment en avril 2018. «C’est génial car, avec l’espace communal au rez-de-chaussée (BILLY et MELLBY), il y a beaucoup de passage ici et nos seniors restent connectés au monde. J’adore aussi, quand je suis avec les plus jeunes à la Migros par exemple, croiser les locataires de la Croix-Blanche… et vice-versa. Ça vit, c’est ouvert sur l’extérieur!»
18 logements adaptés de 2 ou 3 pièces
Sur le modèle des autres LADAS, la Croix-Blanche 35 propose une architecture sans obstacle qui garantit l’accessibilité aux personnes à mobilité réduite, comme les doubles mains-courantes dans les escaliers ou l’absence de seuils. «Ici, nous sommes de plain-pied avec la route et les locataires peuvent vivre aisément, même avec une mobilité très réduite, explique Marie Freudiger.
Sur les 21 habitants, il y a d’ailleurs une majorité de personnes de 90 ans et plus.» Un deuxième LADA de 22 logements vient d’ouvrir ses portes à Epalinges.
Outre certaines prestations comprises dans le bail et destinées à assurer leur sécurité, comme une conciergerie sociale ou des systèmes d’appel à l’aide, les prestations sociohôtelières (livraison de repas, ménage ou transport) sont également assurées en synergie avec le dispositif médicosocial vaudois.
Briser l’isolement
Grâce à la reconnaissance accordée par le Canton, les locataires dont les ressources sont insuffisantes peuvent se voir accorder des aides financières pour les prestations sociales fournies in situ. En effet, un des objectifs des LADAS est de briser l’isolement. A la Croix-Blanche 35, Marie Freudiger connaît chaque locataire et fait presque partie des meubles. «Ici, les gens sont à la retraite et ont du temps pour cogiter… Il peut arriver qu’il y ait des conflits, mais comme dans n’importe quelle situation de voisinage.» Désamorcer : voici donc l’une des fonctions de Marie, qui est devenue une as de la diplomatie en matière de planning de buanderie ou de fumée de cigare sur les balcons…
Mais ce qu’elle a mis en place avec beaucoup d’entrain, c’est un programme d’activités hebdomadaire que les locataires retrouvent dans un petit dépliant: outre les cafés entre voisins du lundi, l’autre rendez-vous très attendu est le repas de midi du jeudi pour 10 francs seulement: là, une monitrice engagée par la commune, aidée de deux bénévoles, vient cuisiner «de saison» et servir à table.
«On propose également des projections de films, des après-midis de jeux, du soutien numérique, des sorties culturelles régulières, des activités intergénérationnelles ou des repas au restaurant», énumère Marie.
«Vivement la retraite», a-t-on envie de murmurer...