Depuis 1991, l’association vaudoise Français en Jeu permet à des personnes migrantes en situation de précarité économique et sociale d’apprendre gratuitement le français. En 2021, l’atelier de conversation «Comment ça va?», animé par une formatrice et une bénévole, voit le jour. Destiné d’abord aux seniors migrants lausannois déjà à l’aise à l’oral (niveau A2), il devient en 2023 un projet pilote financé par la politique cantonale de la vieillesse.» Pour Aude Métral, responsable du pôle Lausanne de Français en Jeu, le succès de cet atelier hebdomadaire dénote un vrai besoin: «Moins formel qu’un cours, il permet à des personnes de plus de 60 ans précarisées sur le plan socio-économique (et dont les capacités d’apprentissage ne sont plus forcément les mêmes que chez de jeunes gens) d’élaborer, à leur rythme, de petits scénarios de la vie quotidienne qui leur parlent, autour du thème de la santé par exemple». Qu’il s’agisse de comprendre une convocation pour une mammographie, de prendre un rendez-vous chez le médecin ou d’être informé sur le dépistage des maladies de l’âge comme le diabète, la question à la fois simple et fondamentale qui sous-tend l’ensemble est bien: «comment ça va?»
« Je peux bien comprendre ce cours. J’aime mes collègues. A la maison, je suis toujours seule avec mon mari malade, c’est pas bon. Ici, ça me fait beaucoup du bien ».
Nezahat, Turquie
« Pour moi, ça m’aide beaucoup, même pour connaitre le français. J’aime l’ambiance, j’ai fait des copains. Je souffre d’angoisse, mais ce cours me fait du bien, j’aime être ici. Aussi, j’apprends le système ici, c’est très bon ».
Laïla, Bolivie
« J’ai le parkinson, j’oublie vite les choses. Pour ça, j’aime ce cours, on a un bon rythme, ça m’aide. Aussi, j’aime parler de choses concrètes et utiles. Et j’aime être avec des gens de mon âge, je me sens plus à l’aise, à ma place ». Adriana, Italie
Bien plus qu’un atelier de conversation
Pour les quinze participants assidus qui se retrouvent tous les mardis après-midi dans les locaux lausannois de Français en Jeu, ce cours est devenu une véritable bouffée d’oxygène: «Ils ont entre 50 et 89 ans et, bien qu’ils viennent d’Érythrée, du Sri Lanka, d’Italie, de Somalie, de Turquie, d’Amérique du Sud, de Syrie, de Colombie, d’Inde et d’Afghanistan, le groupe est extrêmement soudé et assidu. Il n’y a que deux hommes, mais ils sont très solidaires avec les femmes. Cet environnement bienveillant et sécurisant est extrêmement précieux pour ces personnes aux parcours de vie souvent difficiles.» Après une visite avec le groupe au Musée des beaux-arts de Lausanne, qui a été une véritable découverte, certains y sont retournés en famille après. La satisfaction pour Aude Métral? «Quand ils participent, de leur propre chef, à d’autres activités comme «Seniors en forme» de Pro Senectute ou les café-contact dans leurs communes.»