Economie vaudoise
COVID: Les PME face à la crise

La réactivité des communes

D’ordinaire confinées au rôle de facilitatrices pour les entreprises et commerces actifs sur leur territoire, les Municipalités ont réagi très rapidement pour leur venir en aide en dérogeant parfois aux strictes règles habituelles.
Sébastien Bovy

Rudolf Plüss, syndic de Senarclens: «La Municipalité a déposé un préavis de plusieurs dizaines de milliers de francs pour anticiper des travaux non urgents, pour donner un signal aux entrepreneurs.»

Sébastien Bovy

François Moesching

Les enseignes fermées ont plombé le moral des commerçants, de la population mais aussi des édiles.

François Moesching

Sébastien Bovy
François Moesching

Gérer la boucherie, faire tourner le restaurant ou le fitness, voilà bien une mission qui relève de la fameuse responsabilité individuelle, sauf en période de catastrophe… qui n’arrive en principe jamais. De nombreuses municipalités vaudoises ont cependant et très tôt estimé que le mot pouvait être prononcé, en allant rapidement prendre le pouls de l’économie microlocale dès les premiers jours du confinement de mars. À Apples, au pied du Jura, on a même vu la syndique faire « la police » devant le marché paysan pour que les gens respectent la distance dans la file d’attente inédite, tant les mesures étaient nouvelles pour chacun.

Si l’on a vu par la suite de grandes villes sortir l’artillerie lourde (parfois plusieurs millions de francs) pour venir en aide à des professions sinistrées, parfois sous la pression des partis et des conseils communaux, des petits villages ont voulu intervenir à la mesure de leurs moyens. À Senarclens, près de Cossonay, tout est parti d’un verre partagé entre les membres de l’Exécutif. «On voyait les enseignes fermées et on s’est demandé si nous avions un rôle à jouer dans cette crise, se souvient le syndic Rudolf Plüss. Comme nous n’avons pas beaucoup de commerces, nous avons réfléchi et déposé un préavis de plusieurs dizaines de milliers de francs pour anticiper des travaux non urgents, par exemple à l’église, afin de donner un signal aux entrepreneurs des environs, lesquels ont pu planifier des interventions dans le courant de l’automne. Nous avons également renoncé à des loyers pour le restaurant dont nous sommes propriétaires, ou acheté des entrées du cinéma de Cossonay, ce qui permet d’offrir un cadeau utile à nos citoyens, tout en soutenant un lieu culturel important à nos yeux.»
 

Manifestations à sauver
Un autre chapitre qui a alerté les autorités de proximité est celui des manifestations, certaines ayant déjà réservé – par exemple – les cantines ou le traiteur, avant d’annuler le rendez-vous, comme la plupart des événements en principe immuables dans la vie régionale : comptoir, salon des vins, tournois et girons de jeunesses. Si cela peut paraître anecdotique par rapport aux priorités que sont la santé ou l’emploi, ces événements – même petits – sont essentiels aux tissus social et économique, un giron donnant notamment beaucoup de travail aux vignerons durant l’été. 

Ainsi, nombre de communes ont fait le choix de ne pas retirer des subventions annuelles, afin de tout mettre en œuvre pour assurer la pérennité de ces manifestations, qui n’auront pour 2020 que des frais et aucun revenu, même si certaines ont tiré la prise très tôt – parfois en essuyant quelques critiques. Un choix rétrospectivement sage, vu l’arrivée de la deuxième vague. Avec des conséquences financières sans doute fatales si le Marché de Noël, au hasard, avait été annulé à la dernière minute, une fois tous les stands payés et installés.