Globalement, qu’est-ce que cette crise nous a appris sur le tissu économique vaudois?
Elle a montré qu’il était possible de travailler vite et avec agilité pour trouver des solutions, en particulier dans le domaine du digital. Beaucoup d’entrepreneurs qui étaient réticents à utiliser ces outils se sont rendu compte qu’ils en étaient capables, qu’il fallait y aller. Ils ont osé sauter le pas et je crois qu’ils ont bien fait.
Vous voulez dire que les commerçants doivent impérativement être présents en ligne, que le bouche-à-oreille ne suffit plus?
Oui, dans un sens. Le bouche-à-oreille joue toujours un rôle important, mais il est crucial que ces commerçants locaux utilisent tous les canaux à leur disposition pour garder contact avec leurs clients, notamment les réseaux sociaux. On a eu des retours de gens qui n’avaient aucune foi dans le digital et qui ont complètement changé d’avis grâce à welQome. Je trouve ça très positif.
Et du côté du Canton, quelles leçons à tirer?
Que tout peut changer très vite et qu’il ne faut pas hésiter à explorer de nouvelles pistes. J’ai été impressionné de la vivacité avec laquelle les élus ont agi, compte tenu de la complexité de la situation et des procédures nécessaires habituellement. Cela montre que c’est possible, et ça m’a en partie réconcilié avec la politique : d’une extrême à l’autre, ils étaient tous solidaires et «au taquet».
Sur la plateforme welQome, des monuments comme Le Beau Rivage Palace et le Musée Olympique ont côtoyé un fabricant de sirop à Saint-Prex et une auberge à Avenches. Qu’est-ce qu’il faut en déduire?
Tout simplement que tout le monde en a vraiment bavé. Personne n’a été épargné par la crise, même ces établissements prestigieux, car ils avaient de lourdes charges et beaucoup d’employés. En lançant welQome, on avait justement à cœur d’aider tout le monde.
Les gros poissons avaient-ils vraiment besoin d’être aidés?
Je pense qu’ils en avaient même plus besoin que les autres! Et il ne faut pas oublier qu’ils jouent un rôle crucial pour l’économie locale: ils paient beaucoup d’impôts et font partie de l’ADN du canton. Par contre, il est clair que si
McDonald’s ou la Migros avaient voulu participer, on aurait refusé, car ça ne rentrait plus dans le projet initial.
Concrètement, où se situait la frontière?
Il fallait que l’entreprise ait un ancrage local fort, tout simplement. Et on ne pouvait pas fermer la porte au Beau Rivage ou au Musée olympique sous prétexte qu’ils étaient «trop gros», alors qu’ils avaient aussi besoin d’aide. On a fait ces choix selon le bon sens.
D’après le bilan officiel, les hôteliers n’ont touché que 8 % du montant total alors que c’est un des secteurs les plus touchés par la crise. Comment l’expliquer?
Il ne faut pas s’arrêter à ce chiffre, car il n’englobe que les bons vendus pour des nuitées. La plupart des hôteliers ont aussi pu inscrire séparément leur restaurant sur la plateforme, et welQome leur a été d’autant plus bénéfique.
Peut-on vraiment réunir tous les commerces locaux sur une seule plateforme? N’aurait-on pas dû différencier davantage selon les structures et les besoins?
Au contraire, ça a permis de réunir tout le monde en un seul et même endroit. Pour beaucoup de commerçants, la plateforme a amené une visibilité qui dépassait largement les frontières de la région. Nous avons eu de très bons retours de la plupart des participants à ce sujet.
On évoque déjà un éventuel welQome 2.0. Il y aura un appel d’offres, mais très franchement, vous êtes quasiment sûrs de rafler la mise, non?
À ce stade c’est complètement incertain. Le Canton va établir son cahier des charges de façon indépendante. Mais entre vous et moi, ce n’est pas simple de mettre tout cela en place aussi rapidement, à un bon prix et tout en ayant la masse opérationnelle nécessaire derrière. Si vous trouvez quelqu’un qui est assez motivé, je dis «welcome»!
Qu’est-ce qu’on pourrait améliorer?
On avait déjà effectué pas mal de changements entre DireQt et welQome, mais on pourrait encore simplifier la vie des commerçants qui utilisent la plateforme. Il y a toujours des choses à améliorer et à optimiser. En tout cas ce ne sont pas les idées qui manquent!