Economie vaudoise
COVID: Les PME face à la crise

Les effets de l’opération welQome en quatre exemples

Lancée fin juin en partenariat avec la société QoQa, l’opération welQome a généré un chiffre d’affaires global de 42,5 millions de francs en commercialisant plus de 350’000 bons. Au-delà de ces chiffres, quel impact concret pour les commerçants locaux participants? Tour d’horizon avec quatre entrepreneurs vaudois.
Gilliand/La Broye

Pour ce couple de commerçants broyards, welQome a donné une visibilité plus large à leur activité.

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L’opération welQome a été une «immense réussite» aux yeux des gérants de cette salle de sport du Chablais.

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Stéphane Fino

Cédric Fiora: «J’ai n’ai vendu que deux bons!»

Stéphane Fino

Gilliand/La Broye
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Stéphane Fino

Alain Fischer
patron du café-restaurant et de la boucherie FischerCorcelles-près-Payerne
Le restaurant familial et sa boucherie-charcuterie attenante ont pignon sur rue depuis plus de 125 ans.

Quel bilan tirez-vous de cette opération?
Je ne suis pas très branché informatique, donc tout ceci était relativement nouveau pour moi. Mais la plateforme a été vraiment facile à utiliser et cela nous a été très utile. D’ailleurs j’en ai discuté par la suite avec d’autres commerçants de la région, et ils sont très satisfaits eux aussi.

Cela vous a rapproché de votre public ou plutôt attiré de nouvelles têtes?
Globalement, je dirais que ça nous a donné une visibilité plus large. On a un site internet tout simple et efficace, mais forcément celui de QoQa attire beaucoup plus de monde! À vrai dire, ce n’est pas facile d’estimer combien de bons ont été vendus, car on le découvre au fur et à mesure qu’ils sont utilisés lorsque les clients viennent au restaurant. Mais on a déjà remarqué l’arrivée de nouvelles têtes, et forcément cela nous a fait très plaisir. La plupart des gens avaient l’air satisfaits, certains sont même déjà revenus plusieurs fois. Et puis, il y a également de nombreux habitués qui ont acheté des bons pour nous soutenir, cela nous a fait chaud au cœur.

Et si c’était à refaire?
Cette opération était une excellente idée. Vu d’ici, on a parfois l’impression d’être loin des décisions prises à Lausanne. Mais cette fois, nous nous sommes sentis considérés et cela a eu un impact très positif pour l’ensemble du canton.


Nadine Allet
chargée de communication pour Beer Brothers, Etoy
Lancée il y a trois ans par trois frères, cette brasserie locale qui occupe six personnes produit 2000 litres de bière par mois dans ses nouveaux locaux.

Quel bilan tirez-vous de cette opération?
WelQome nous a apporté une toute nouvelle clientèle. On s’était déjà inscrit sur DireQt (NDLR première plateforme de soutien aux commerçants lancée par QoQa en mars), mais pour la plupart, les personnes qui nous avaient aidés à l’époque étaient déjà de fidèles clients avant la crise. Alors qu’avec welQome, je dirais que neuf acheteurs sur dix n’avaient jamais dépensé d’argent chez nous auparavant. C’est super, car on n’a pas vraiment les moyens d’investir dans la publicité. Ce qui nous a le plus frappés, c’est qu’il ne s’agissait pas de simples amateurs de bière. Bien souvent, ces personnes ont à cœur de consommer des produits locaux et de soutenir les artisans de la région. Et cela correspond exactement à notre créneau. 

Cela vous a rapproché de votre public ou plutôt attiré de nouvelles têtes?
La grande majorité des acheteurs de bons vivaient dans la région. Si je devais donner une estimation, je dirais qu’environ 80% des commandes provenaient des alentours d’Etoy. Mais en on a aussi vendu dans la Riviera et jusqu’en Valais ! Jusqu’à présent, on a reçu beaucoup 
de retours positifs, notamment sur les réseaux sociaux où nous communiquons activement avec nos clients. Certains ont déjà repassé commande, c’est rassurant et réjouissant.

Et si c’était à refaire?
De manière générale, nous sommes extrêmement reconnaissants envers tous ceux qui nous ont soutenus. On voit que le virus a déclenché une réelle prise de conscience au sein de la population. Et on espère évidemment que cet engouement pour le local n’est pas dû uniquement à la crise, mais qu’il va au contraire perdurer. 
 

Julien Grivel
cofondateur et gérant du Crossfit Svarog, Rennaz
Julien Grivel et Rachèle Chatriand, ont ouvert leur «box» dédié à la pratique du crossfit en 2017, avant de le rénover entièrement en janvier dernier. 

Quel bilan tirez-vous de cette opération?
Pour nous, l’opération welQome a été un coup de pouce plus que bienvenu. On en avait entendu parler un peu par hasard et on s’est dit qu’on allait tenter le coup, car cela ne demandait pas un grand investissement de temps. Au final, c’est une immense réussite! Nous avons vendu une centaine de bons au total, donc le bilan est très positif pour nous. 

Cela vous a rapproché de votre public ou plutôt attiré de nouvelles têtes?
Parmi les acheteurs, je dirais qu’environ un tiers sont des nouveaux clients. L’opération nous a donc donné une visibilité supplémentaire, même si la plupart de ces nouveaux clients sont des habitants de la région qui nous connaissaient déjà plus ou moins. Pour beaucoup, ça été un déclic, ils ont osé sauter le pas grâce à welQome et les offres que nous avons proposées. Certains sont venus pour une simple séance d’essai et ont fini par prendre un abonnement de plusieurs mois.

Et si c’était à refaire?
Parmi les nouveaux clients qui ont acheté des bons, il y a énormément d’amis, de conjoints et de membres de la famille de nos abonnés. Cela montre que le bouche-à-oreille fonctionne toujours et que les gens sont attachés aux clubs sportifs de leur région. Quant à ceux qui étaient déjà là avant l’opération, ils sont très nombreux à en avoir profité pour renouveler leurs abonnements à moindres frais. Nous leur sommes d’ailleurs très reconnaissants, car même si nous avons dû fermer notre centre durant deux mois, ils ont été extrêmement peu nombreux à résilier leur abonnement.


Cédric Fiora
directeur de l’Hôtel Crystal à Lausanne 
Il y a un an, Cédric Fiora, par ailleurs membre du comité de l’Association des hôteliers Lausanne et environs, a repris l’établissement de ses parents, qui compte aujourd’hui 41 chambres aux styles pop art, vintage et contemporain.

Quel bilan tirez-vous de cette opération?
Pour moi, cela a été une immense déception: j’ai n’ai vendu que deux bons! C’est une excellente initiative, et tant mieux si elle a été une réussite pour de nombreux commerçants. Pour les restaurateurs et les vignerons, c’était en effet super. Mais pas pour l’hôtellerie, qui a obtenu seulement 8% de la somme totale. Je trouve ça ridicule.

Pourquoi ce secteur n’a-t-il pas fonctionné selon vous?
Le problème, c’est que la plupart des bons achetés l’ont été dans des hôtels de haut standing, par des clients voulant s’offrir un plaisir exceptionnel à prix réduit. Et je les comprends, pour eux c’était hyper attrayant. Mais en fin de compte, ce sont ces établissements qui s’en sortent le mieux. Avec mon hôtel au centre-ville, sans restaurant ni spa, comment voulez-vous que je rivalise? 

Que faudrait-il corriger si une 2e opération était lancée?
Selon moi, il aurait été plus judicieux de cibler les touristes alémaniques. En toute franchise, combien de Romands sont prêts à passer leurs vacances à Lausanne? Je regrette aussi que nous n’ayons pas été davantage concertés en amont, pour discuter des besoins spécifiques de la branche. Entre hôteliers, on se serre toujours les coudes, et je suis ravi pour mes confrères qui s’en sortent bien. Mais aujourd’hui, je ne me sens pas du tout aidé par le Canton. Il faut que le Conseil d’État prenne ses responsabilités et nous accorde une aide à fonds perdu. Pour moi, c’est la seule solution, qui va bien au-delà d’une telle opération de marketing.