Economie vaudoise
COVID: Les PME face à la crise

Covid et PME (5)

Thomas Cramatte

Grâce à la collaboration de son commerce d’électroménager avec les gérances immobilières, Mattieu Berdoz n’a pas eu à restructurer son personnel.

Thomas Cramatte

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À Forel, les employés du magasin de vélos Unicycle ont vendu en quatre mois ce que l’enseigne commercialise habituellement en une année.

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L’électroménager, un secteur relativement épargné

Pour faire face aux craintes de la clientèle privée, les professionnels de l’électroménager n’ont pas eu d’autre choix que d’adapter leur offre, depuis quelques mois. Installateur établi à Pully depuis 1961, Matthieu Berdoz perpétue la PME familiale. A part lui-même, les 14 autres personnes que compte la société se sont retrouvées soumises à la RHT (demande d’indemnité pour la réduction d’horaire de travail) dès la mi-mars. Le personnel de montage et l’équipe travaillant au showroom n’ont repris l’entier de leurs fonctions qu’à partir du 19 juin. «À la mi-avril, après trois semaines de préparation et de travail administratif, mon personnel est progressivement revenu travailler. À temps partiel et selon leur facteur de risques». L’entreprise a ainsi fonctionné avec un tiers de son staff jusqu’à la réouverture le 19 juin. Malgré l’investissement dans du matériel sanitaire, il aura fallu un certain temps avant que le spécialiste en électroménager retrouve sa cadence de travail habituelle.

«Le Covid fait peur. Notre clientèle privée a régulièrement montré des craintes par rapport à notre présence à domicile». Des portes fermées qui ont induit une baisse de 50% du chiffre d’affaires de l’entreprise familiale. Dans l’inconnue pour son futur, la société a tout de même sollicité le fameux prêt Covid sans toutefois l’avoir consommé jusqu’ici. Comme Matthieu Berdoz travaille également avec les gérances immobilières, c’est ce secteur en particulier qui lui a permis, à lui ainsi que ses salariés, d’échapper au pire. Depuis, le volume des ventes a pu être rattrapé et aucune restructuration de personnel n’a heureusement eu lieu.

Le deux-roues, un business en équilibre

Au printemps 2020, les magasins de cycles ont observé des ventes record. Un succès alors favorisé par le confinement et une météo particulièrement clémente. En plein boom du vélo électrique, marchands et fabricants ont parfois écoulé leurs stocks en quelques semaines. Pourtant, sans solutions de réapprovisionnement, cette année ne rimera pas avec une augmentation massive du chiffre d’affaires. «Nous n’avons presque plus d’accessoires et encore moins de vélos à vendre», explique Yves Bonzon, fondateur du magasin Unicycle, installé à Forel depuis 1993. Pour ce spécialiste, il est impossible de suivre une évolution des ventes aussi rapide. «Je pense que si les stocks des magasins permettaient de vendre dix fois plus de vélos, cela resterait éphémère. Car les marchands seraient rapidement confrontés à un manque de personnel.»

Le confinement a permis à de nombreuses personnes de lever le pied, leur laissant plus de temps pour les loisirs. Un ralentissement du train de vie augmentant le nombre de cycles vendus à Forel. Pour Yves Bonzon, la majeure partie des ventes effectuées depuis la réouverture du magasin se révèle paradoxalement problématique. «Les grandes surfaces fermées ou en rupture de stock, nous avons vendu en quatre mois ce que l’on vend habituellement en une année». Les fabricants ayant produit en fonction des années précédentes, un réassort de vélos n’était plus envisageable avant la nouvelle saison.

En revanche, cette période de confinement a permis à Yves Bonzon et à ses employés d’adapter leur méthode de travail. Afin de respecter les mesures sanitaires et tenir les délais de réparation, Yves Bonzon décide ce printemps de recevoir uniquement sur rendez-vous. Il cherchait une solution pour soulager la charge professionnelle de ses employés. Si ces derniers ont cumulé jusqu’à 30 rendez-vous journaliers pendant cette période, Yves Bonzon est aujourd’hui heureux d’avoir instauré ce système. «Nous n’avons plus besoin de jongler d’un client à l’autre. C’est plus agréable pour la clientèle et le personnel de vente.»