De l’histoire mouvementée de la flûte vaudoise aux subtilités du taillé aux greubons, Suzanne Gabriel connaît mieux que personne ce qui fait la saveur de notre terroir. Et quand elle parle des producteurs avec qui elle collabore (qu’elle appelle tous par leurs prénoms), c’est avec enthousiasme et authenticité.
Désormais rattachée à Vaud Promotion en tant que responsable du bureau Produits certifiés d’ici, elle a été membre du comité de Vaud Terroirs, qui regroupait alors l’Office des vins vaudois (OVV), l’Office du tourisme vaudois (OTV), les interprofessions et les associations des métiers de bouche. L’association a été dissoute afin que le label VAUD+ «Certifié d’ici» soit intégré au sein de Vaud Promotion, dans un objectif de synergie multisectorielle et de communication renforcée.
Déjà à l’époque, Suzanne Gabriel saluait l’aubaine que cela représenterait au niveau de la communication sur les produits. «On faisait déjà de la certification, c’est notre cœur de métier, mais aujourd’hui notre mission a évolué: l’objectif principal est orienté vers les produits agricoles et le renforcement des collaborations avec les autres secteurs d’activité de notre canton à plus large échelle. Notre intégration au sein de Vaud Promotion a véritablement un sens, car nous pouvons nous appuyer sur une stratégie globale et cohérente.»
Si l’équipe de quatre personnes s’apprête à intégrer les nouveaux locaux de Vaud Promotion le 1er janvier 2023, le travail s’est poursuivi sans interruption. Aujourd’hui, Suzanne Gabriel est fière de compter une communauté de 150 producteurs, pour environ 1500 produits qui ont passé haut la main le processus de certification.
Une certification basée sur des normes suisses très élevées
Calqués sur le modèle national de regio.garantie, les critères de certification VAUD+ «Certifié d’ici» – qui concernent uniquement les produits agricoles – sont simples. Le grand point est l’origine des matières premières et le lieu de la transformation, «c’est là que se joue le vrai soutien à l’économie locale»: pour les produits agricoles non transformés (comme les fruits et légumes, les légumineuses, les féculents, les œufs, les poissons), 100% doit-être issu du canton. Dans le cas de produits transformés (pâtisseries, glaces, condiments, boissons, certains produits laitiers, carnés ou fromagés), 80% au minimum de la matière première doit provenir du canton. «C’est une ouverture réaliste que nous nous sommes fixés et qu’il faut avoir».
Le second point est bien sûr la qualité des produits. «Nous sommes là avant tout pour donner une crédibilité» et le cahier des charges est basé sur les normes suisses très élevées (Leper et Suisse Garantie), qui traquent notamment l’usage de pesticides.
Mené par l’Organe intercantonal de certification (OIC) mandaté pour leurs contrôles, l’audit – qui dure une journée et est gratuit – donne lieu à une certification pour une durée de trois ans, assortie de contrôles périodiques.
Le plus du label VAUD+ «Certifié d’ici»? Dès l’automne, une commission organoleptique qui dégustera les produits et se penchera sur la question du goût. Un critère subjectif inspiré par la pratique de l’entreprise Dallmayr qui a mis au point des notes gustatives, visuelles et de durabilité.
Donner l’eau à la bouche
Mais pour ce label qui doit encore gagner en notoriété auprès des consommateurs comme des professionnels, le nerf de la guerre est bien la communication. À cet égard, outre le site internet vaudplus-produits.ch et quelques produits dérivés comme les tot bags durables aux couleurs rafraîchissantes de Vaud Promotion, une campagne de notoriété à travers le canton de Vaud vient de démarrer le 26 septembre. Le but? Mettre en avant les productions et les producteurs de produits labélisés, à travers des histoires qui leur sont propres. Accompagnée du slogan «Local par amour», la campagne se décline à Nyon, Morges, Lausanne, Yverdon, Montreux sous forme d’affiches, de capsules digitales et de passages radio. «Il est aussi prévu une épicerie mobile qui va se déplacer à travers le canton, afin de faire découvrir les produits, offerts pour l’occasion». L’occasion également de mettre en place les éléments de signalétique du label dans une dizaine de magasins.
«Malgré la nécessité de rentabilité, les grossistes sont de plus en plus sensibles aux questions de durabilité.»
Draguer le marché alimentaire
L’autre casquette de Suzanne Gabriel? Assurer le développement des marchés: implanter la marque VAUD+ «Certifié d’ici» dans les canaux de distributions alimentaires, lier des partenariats durables avec différents acteurs du marché pour accroître la visibilité et la consommation des produits du terroir. Outre les synergies déjà engagées avec succès comme les automates VAUD+ et le concept Vpero, Suzanne Gabriel s’applique à accroître la visibilité du label dans les filières de vente et restauration, afin de promouvoir les produits VAUD+ auprès d’une cible «B to B». En clair: favoriser les activités commerciales entre les entreprises répondant aux mêmes valeurs, tout à fait dans la logique multisectorielle prônée par Vaud Promotion.
Première cible: les grossistes et revendeurs. «En 2021, nous avons invité 58 grossistes intermédiaires qui livrent magasins et restaurants. Surprise: 42 sont venus!» Une «expérience formidable» au cours de laquelle Suzanne et son équipe ont expliqué mille et une astuces afin de mettre en avant les produits locaux, tout en essayant de faire passer le message que le local n’est pas forcément plus cher…
«Malgré la nécessité de rentabilité, les grossistes sont de plus en plus sensibles aux questions de durabilité. Et pour notre plus grand bonheur, les discussions autour des prix équitables ont conduit bien souvent au fait qu’ils acceptent de baisser leurs marges, comme l’entreprise Dupasquier (grossiste alimentaire des professionnels établi dans le canton de Genève), qui a été le premier à mettre dans son catalogue 133 produits VAUD+!» Une visibilité formidable de très bon augure, à l’heure où «la discussion se poursuit avec six autres entreprises».
Boostée par cette audace visiblement payante, l’équipe de Suzanne Gabriel a ensuite organisé un speed-dating entre producteurs et restaurateurs, «histoire de mettre un visage sur les produits». Pour elle, c’est une réussite à 100% qui devrait déboucher sur du concret courant 2023: «Nous sommes encore dans l’étape intermédiaire, mais le but est de fournir tout le matériel aux restaurants qui signeraient une convention avec Vaud Promotion afin d’identifier le label : mise en place d’un espace dédié, newsletter spéciale, ardoises sur les étagères pour identifier le label, élaborations de menus VAUD+…» En somme, encore de nombreuses et délicieuses idées à inventer, qui semblent mettre l’eau à la bouche de plus en plus de professionnels comme de particuliers.