Initié en 2016 au Département de l’économie, de l’innovation et du sport, l’organe Vaud Promotion a éclos au début de l’année 2021. Un pari réussi, comme s’en réjouit Andreane Jordan Meier, elle qui a lancé et porté ce projet. «Il a fallu s’atteler à des chantiers complexes et délicats, rappelle-t-elle. Dissoudre l’association Vaud Terroir qui s’est retrouvée englobée dans l’Office du tourisme vaudois (OTV), lequel a, à son tour, évolué en Vaud Promotion, un organe multisectoriel pour la promotion territoriale, dont le tourisme fait évidemment partie.
Sur le plan opérationnel, l’équipe en place mesure l’ampleur du travail, mais aussi le fort potentiel du projet. La cheffe de service se dit privilégiée de pouvoir aujourd’hui collaborer avec une personnalité telle que Florence Renggli, nommée directrice générale en mars 2022, dont les qualités personnelles et professionnelles apportent beaucoup dans la mise en place de la nouvelle stratégie promotionnelle du canton. Avec 8 millions de budget annuel (subventionné à plus de 80% par l’État, et le reste par diverses organisations cantonales ou extracantonales comme GastroVaud ou l’Office des vins vaudois), la nouvelle entité a les moyens d’initier ses nouvelles missions. Cela dit, Andreane Jordan Meier en convient, tout n’a pas toujours été simple. «La disparition de l’OTV et la création de Vaud Promotion a suscité de fortes craintes, ce qui est parfaitement légitime. Nous ne nous sommes jamais découragés, commente la cheffe de service.
Nombreux sont celles et ceux qui, au départ, ont combattu l’idée d’un seul organisme de promotion. Aujourd’hui, la plupart d’entre eux se positionnent en sa faveur, et en reconnaissent la pertinence. Autant de petits succès qui stimulent encore plus nos ambitions.»
«Promouvoir le canton au moyen de notre industrie horlogère et de notre boutefas n’est pas incongru ! Les deux sont excellents, ils font partie de notre ADN et nous en sommes fiers!»
«Nos atouts sont multiples»
Avec un chiffre d’affaires global de 4,56 milliards et plus de 22’000 emplois plein temps, le tourisme vaudois contribue pour 7,2% au PIB et représente 8,6% des emplois. Côté entreprises, le canton de Vaud se distingue tout particulièrement dans le domaine de l’innovation, dans des secteurs à haute valeur ajoutée, comme les sciences de la vie, les technologies de l’information et du numérique, la nutrition, les industries de précision et les cleantech. «C’est pourquoi nous insistons tant sur la notion de multisectorialité, souligne Andreane Jordan Meier; nos atouts sont multiples et tous participent à l’attractivité économique de cette région. Dynamiser la vente de nos produits du terroir, attirer des entrepreneurs et les inciter à développer leur entreprise en terre vaudoise, cela contribue à réaliser notre mission qui est avant tout de favoriser la création des emplois de demain».
Si elle a aussi à cœur de faire connaître aux Vaudoises et aux Vaudois les subtilités de la richesse de leur canton, elle ne perd pas de vue l’autre objectif majeur de Vaud Promotion: «Il s’agit d’un outil de promotion économique, attribut qu’il est important de souligner.»
La marque VAUD+
C’est notamment de cette volonté de créer des ponts, des liens entre différents domaines d’activités que le Canton a développé la marque VAUD+, destinée à labelliser autant les produits du terroir que les entreprises qui font l’excellence et la notoriété du pays de Vaud. «Nous voulons rendre visible la marque VAUD+ et augmenter sa notoriété grâce aux entreprises et aux produits qui en seront les ambassadeurs. Il nous importe en particulier de faire connaître le canton au travers des entrepreneurs, des personnalités qui sont d’une certaine manière aussi les «bâtisseurs» de notre prospérité; ces gens ont une expérience, une histoire liée au canton de Vaud à raconter. Ces tranches de vie sont émotionnellement aussi fortes que ce que l’on ressent face à la beauté de nos paysages. Elles peuvent servir d’exemple, et créer de nouvelles ambitions entrepreneuriales.»
«L’objectif est aussi de créer une communauté d’acteurs économiques, inédite par son caractère multisectoriel, et dont le but est non seulement de créer des liens entre des entreprises labellisées, mais aussi d’instaurer un dialogue devant enrichir la stratégie promotionnelle vaudoise», poursuit la cheffe de service. «Tout cela part du principe que la notoriété ou la mise en évidence de l’excellence d’un acteur profite à l’ensemble de la branche, au même titre que si le vacherin Mont d’Or est la star sur la planchette, sa réputation et son attrait auprès des consommateurs permettent de faire connaître les autres produits fromagers. Au final, l’important est d’avoir un message cohérent, soudé par les valeurs de la marque VAUD+, notamment d’excellence: peu importe que l’on parle d’une entreprise horlogère vaudoise ou du boutefas, du moment qu’ils incarnent l’un et l’autre les valeurs de la marque.»
«L’ambition de Vaud Promotion: tisser un lien entre tous les secteurs et toutes les régions, mettre en exergue leurs marques phares, sans les avaler: il faut préserver et valoriser leur spécificité.»
Fédérer sans absorber
Vaud Promotion est à n’en pas douter le moyen de donner une lecture claire du foisonnement vaudois. Pour Andreane Jordan Meier, «l’ambition de Vaud Promotion est de tisser un lien entre tous les secteurs et toutes les régions, de même que de mettre en exergue leurs marques phares, sans les avaler: il faut préserver et valoriser leur spécificité, ce qui les distingue et les rend uniques; la marque, les valeurs qu’elle véhicule doit devenir le lien commun entre les régions, de même que les produits et les entreprises labellisées VAUD+. C’est ainsi que vous créez une cohérence entre Glacier 3000 et L’Etivaz. La volonté est vraiment de travailler en bonne intelligence avec tous les acteurs économiques qui s’identifient autour de mêmes valeurs, celles de la marque VAUD+.»
Durabilité: le mot-clé
Parmi les mots-clés devant fédérer le réseau multisectoriel de Vaud Promotion, l’un d’eux tire clairement son épingle du jeu. Pour Andreane Jordan Meier, «la durabilité doit devenir un atout, une carte de visite de notre canton. À l’échelle européenne, Vaud est minuscule. Et compte tenu de la diversité de sa topographie et de notre souhait de valoriser la nature, nous ne visons clairement pas un tourisme de masse.» Selon la cheffe de service, avec une hôtellerie pour partie vieillissante et un secteur touristique en général éprouvé par la crise sanitaire, il y a aujourd’hui une vraie opportunité de se repositionner autour de thèmes clés, comme la durabilité ou la pratique de certains sports complémentaires au ski. Avec la présence de l’Union cycliste internationale à Aigle et au vu de l’engouement incroyable généré par le passage du Tour de France cet été, pourquoi ne pas développer une offre liée au cyclisme? «Cela nécessiterait de réfléchir au développement d’une offre de bout en bout, allant des transports publics pouvant convoyer des touristes et leur bicyclette, des lieux de rangement sécurisés pour les deux-roues dans les hôtels, des parcours, des applications faciles à utiliser… Un tel projet nécessite de toute évidence un exercice important de coordination entre les secteurs concernés (transport, hôtellerie, tourisme en l’occurrence), mais également entre les régions, car pour qu’il ait du sens, un tel projet doit au minimum avoir une envergure cantonale.» Et de conclure: «La marque VAUD+ ne doit pas être qu’un slogan. Elle est fondée sur neuf valeurs. Nous devons désormais conduire des projets qui les incarnent, et leur donnent un sens concret aux yeux des Vaudoises et des Vaudois comme de tous les visiteurs de passage, de plus ou moins longue durée. Le but est qu’on en parle, qu’on s’en souvienne, qu’on en soit fier et surtout qu’elle inspire. Ce n’est, ni plus ni moins, que le bâton de pèlerin que le Canton confie à Vaud Promotion, avec la conviction qu’il est désormais entre d’excellentes mains.»
