La Mobilité
Enjeu majeur du futur

Un train de mesures pour le transport des MARCHANDISES

Où que ce soit à travers le monde, et depuis toujours, le trafic marchandises est le maillon essentiel de l’économie. Ce faisant, il représente aussi un poids lourd du bilan carbone. Pour l’atténuer autant que possible, le Canton de Vaud propose une série de mesures très concrètes. Pilote du rapport stratégique élaboré par la DGMR, Frédéric Clerc en fait l’inventaire.
ARC Jean-Bernard Sieber

La ligne MBC (Morges-Bière-Cossonay), bordée de gisements de gravier nécessaire pour fabriquer du béton, doit être soutenue : l’État aiderait le transporteur à acheter plusieurs locomotives.

ARC Jean-Bernard Sieber

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Frédéric Clerc (Direction générale de la mobilité et des routes), pilote d’un rapport stratégique sur le transport de marchandises.

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Une fois de plus, laissons d’abord parler les chiffres. Les dernières prévisions de l’Office fédéral du développement territorial (ARE) prévoient une augmentation significative du volume de marchandises transportées à l’échelle nationale entre 2010 et 2040. En substance, il devrait augmenter de 37 % pour atteindre un total annuel de 574 millions de tonnes. Étant donné sa croissance économique et démographique, le canton de Vaud connaît quant à lui une augmentation supérieure aux prévisions nationales : en ne considérant que le transport par la route, la hausse prévue est en effet de 42 %. 

Pour Frédéric Clerc, ce diagnostic est très parlant : « Il est intéressant de relever que l’utilisation du rail à l’échelle nationale est fortement influencée par le trafic de transit transalpin. Alors que trois quarts de ce trafic sont effectués en train, la part du rail dans le canton de Vaud n’atteint que 13.5 % en 2018. » Ensuite, il faut aussi relever que l’agglomération lausannoise absorbe un tiers des échanges et que le secteur de la construction dépasse les autres en termes de tonnage et de circulation de camions. « Chaque fois qu’on se livre à un travail de terrassement, chaque fois qu’on apporte du gravier pour faire du béton, ou tout autre matériau de construction, le trafic est intense et, on s’en doute, l’utilisation du rail est faible », observe Frédéric Clerc.

Fort de ces constats, le Canton a approfondi plusieurs pistes. « La première est de renforcer l’usage du rail. En l’occurrence, l’un des moyens est de soutenir des entreprises en participant au financement de certaines infrastructures logistiques, comme celui d’un quai de déchargement ou le prolongement d’une voie ferrée. »

Un projet ambitieux parmi d’autres est le soutien à la ligne MBC (Morges-Bière-Cossonay). En l’occurrence, il s’agit de l’achat de plusieurs locomotives utiles au transport de matériaux. « Il est important d’investir sur cette ligne, car elle est bordée de gisements de granulat naturel, le gravier nécessaire pour fabriquer du béton. Cela permet d’exploiter nos gravières, notamment à Apples et Ballens, sans lesquelles il serait nécessaire d’importer de France voisine des matériaux essentiels à nos constructions, avec l’incessant ballet de camions que cela générerait… » 

Parmi les autres pistes approfondies, le Canton va se pencher sur la gestion du territoire pour faciliter l’implantation de centres logistiques dans des zones idoines – « proches des agglomérations et du rail, et sans trop de nuisances pour le voisinage ». Il compte aussi soutenir des développements technologiques, notamment, des systèmes permettant d’optimiser le remplissage des camions, sachant que 29 % d’entre eux circulent sans chargement. 

En cohérence avec le programme de législature et le Plan climat, le train de mesures concernant le transport de marchandises fera l’objet d’un projet de décret – pour un montant total de 67 millions de francs – qui sera soumis au Grand Conseil cette année encore.