Dans le dossier de candidature de Lausanne 2020, les transports s’articulaient autour de cars qui prendraient en charge les athlètes au village olympique et les déposeraient sur les différents sites de compétition. Cette vision a été entièrement balayée et remplacée par l’idée d’utiliser les transports publics existants. Sous l’égide de la Direction générale de la mobilité et des routes du canton de Vaud, un groupe de travail a été créé, réunissant plusieurs entreprises de transport public. Christophe Jemelin, responsable Développement de l’offre aux Transports publics de la région lausannoise (TL) en fait partie.
Il s’est rendu en 2016 aux JOJ de Lillehammer et en octobre dernier à Buenos Aires, lors des JOJ d’été, pour observer la gestion des transports. Maintenant, c’est acquis: pour Lausanne 2020, tout sera radicalement différent. «À Lillehammer, les sites de compétitions étaient proches de la ville. Les Norvégiens utilisaient leurs voitures, qu’ils laissaient dans de grands parkings, puis ils marchaient pour se rendre sur les sites. Environ 70 cars par jour s’occupaient uniquement du transport des écoliers pour qu’ils viennent passer une journée aux JOJ.
À Buenos Aires, chaque site avait un dépôt de bus et 200000 écoliers ont pu se rendre sur place. Ils avaient des bracelets avec le numéro de leur bus et de leur enseignant. C’était très efficace. Ici, cela sera un défi pour faire participer les écoliers.»
Le groupe de travail s’est fixé pour ambition de laisser un «héritage» après les JOJ: «convertir un maximum de personnes aux transports publics. Durant les compétitions, on souhaite faire en sorte que les temps de trajets soient utiles aux athlètes et aux coachs, pour leurs dernières mises au point. Concrètement, cela impliquera des déplacements en train pour se rendre à la vallée de Joux, Aigle, Leysin, aux Diablerets et à Champéry. Un train spécial sera instauré depuis Bex jusqu’à Bretaye.»
Développer l’info
Le centre des transports sera basé en région lausannoise, au dépôt de Perrelet. Il fonctionnera avec une dizaine de personnes. «Le déplacement à Buenos Aires nous a appris qu’il nous faudra donner des infos tout le temps», souligne Christophe Jemelin. «Première étape: vérifier minute par minute si les horaires de train de 2020 correspondent au début des compétitions. Si ce n’est pas le cas, les entreprises concernées (CFF, Travys, Transports publics du Chablais) analyseront s’il faut mettre en place des trains spéciaux, vérifier que des trains de marchandises ne passent pas au même moment. C’est simple sur le papier, mais c’est comme du travail d’horlogerie, on doit aller dans le détail».
Ce comité d’experts prévoit une carte synoptique qui expliquera comment se rendre sur les différents sites depuis le village olympique (une exigence du CIO). Une application sera également créée, tant pour aiguiller les athlètes que le public. Enfin, sur l’entier du trajet, des bénévoles accompagneront les compétiteurs.
En ce moment, leurs réflexions se concentrent autour de plans B à imaginer, pour être toujours très réactif en cas de mauvais temps. «Par exemple, les Transports publics du Chablais vont baser leur concept sur des trains spéciaux, qui s’utiliseront comme des navettes. C’est un super défi», relève Christophe Jemelin. Le défi ne s’arrête pas là pour cet expert qui sait que Lausanne 2020 doit prouver au CIO que miser sur la dynamique des transports publics était une bonne idée. «Il nous faut aussi rassurer les athlètes et les fédérations nationales, qui se demandent comment cette question sera résolue».