Fondée dans les années 1930 par le groupe Saint-Gobain, l’entreprise Isover est installée à Lucens et emploie plus de 170 collaborateurs, ce qui en fait un véritable acteur de l’industrie dans le canton. À la pointe dans l’isolation en laine de verre, ses produits sont destinés au secteur du bâtiment, notamment pour les constructions en bois, les façades ventilées, ainsi que les projets d’isolation phonique sous les chapes, les plafonds et les façades crépies.
Bien qu’Isover possède des usines dans une trentaine de pays différents, le site de Lucens tient à conserver une production locale. «Nous défendons cette vision depuis toujours; elle fait partie de notre identité», soutient Aurélien Luhmann, directeur marketing, et ce, malgré une tension féroce sur les prix. «Les concurrents qui ont recours à l’importation sont meilleur marché. Ils ont des coûts de fabrication moins élevés que les nôtres, car la main-d’œuvre suisse est très onéreuse». Mais à ses yeux, le Swiss Made a des avantages. «Nous sommes innovants, traitons les demandes rapidement et proposons par exemple de la découpe sur mesure. Sur près de 80% de notre gamme, un client qui commande aujourd’hui peut être livré demain sur son chantier».
Empreinte énergétique
Isover tient à travailler sur l’écobilan de son catalogue, comme l’explique Aurélien Luhmann. «On n’utilise plus de sable dans nos isolants depuis les années 1990.
Ceux-ci sont faits à 80% de verre recyclé, le reste étant formé de matières minérales nécessaires à l’ajustement de la composition du verre utilisé pour la laine de verre».
Cette volonté écologique se traduit ainsi directement dans le produit fini. «Nous avons été pionniers dans la technologie du liant végétal, en mettant au point en 2010 une formule à base de sucre. Nos concurrents ont suivi quelques années après…»
L’entreprise vaudoise soigne également son empreinte carbone en utilisant un four électrique pour la fusion du verre, et ce depuis 1986. Le dernier en date a d’ailleurs été installé en août. Ce type de machine a une durée de vie d’environ dix ans. Quant à l’énergie nécessaire au fonctionnement du site de production, celle-ci provient des panneaux solaires visibles sur le toit et, depuis 2012, d’un approvisionnement exclusif en hydroélectricité romande.
Rénovations en baisse
Comme la plupart des acteurs du milieu du bâtiment, l’entreprise doit faire face aux décisions politiques actuelles: «Entre la votation toute récente sur l’abolition de la valeur locative et la volonté du Conseil fédéral de diminuer les subsides pour la rénovation et les travaux liés à l’assainissement énergétique, les gens seront moins enclins à rénover leurs biens», analyse Aurélien Luhmann. Le directeur marketing d’Isover regrette ainsi un manque d’incitation de la part des autorités. «De nombreux propriétaires investissent dans une pompe à chaleur ou des panneaux solaires, alors que leur maison n’est pas correctement isolée. Il est beaucoup plus efficace de réduire en premier lieu les besoins en chauffage. La meilleure énergie, c’est celle qu’on ne consomme pas».
Mais ce marché complexe n’empêche pas l’entreprise vaudoise de se maintenir à la pointe de la technologie. «Nous avons le statut de «pilote» sur le développement de produits. Si les équipes de recherche du groupe souhaitent tester une machine dans une usine, on est souvent volontaires pour investir du temps et des ressources ici en Suisse».


