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Au Biopôle d’Epalinges, un laboratoire de valorisation des données

Le Swiss Data Science Center s’installe au Biopôle. Au cœur de la cité médicale, le centre spécialisé dans la valorisation des données numériques veut se rapprocher des PME et guider des projets porteurs de sens. Rencontre avec son directeur exécutif, Olivier Verscheure.
Olivier Verscheure,  directeur exécutif du Swiss Data Science Center: soutenir des projets à valeur sociale.

ARC Jean-Bernard Sieber

Olivier Verscheure, directeur exécutif du Swiss Data Science Center: soutenir des projets à valeur sociale.

Récemment passé au  statut d’infrastructure nationale de recherche, le SDSC s’est implanté au Biopôle, à Épalinges.

ARC Jean-Bernard Sieber

Récemment passé au statut d’infrastructure nationale de recherche, le SDSC s’est implanté au Biopôle, à Épalinges.

Olivier Verscheure,  directeur exécutif du Swiss Data Science Center: soutenir des projets à valeur sociale.
Récemment passé au  statut d’infrastructure nationale de recherche, le SDSC s’est implanté au Biopôle, à Épalinges.

Fondé en 2017 et piloté conjointement par l’EPFL et l’EPFZ, le Swiss Data Science Center (SDSC) a pour mission de promouvoir la science des données. Récemment passé au statut d’infrastructure nationale de recherche, le SDSC implante durablement son siège au Biopôle, à Épalinges. 

Mais pas question de n’être qu’un lieu de recherche académique. L’objectif est d’accompagner les entreprises privées et institutions publiques dans l’utilisation de leurs données ainsi que de soutenir des projets à valeur sociale.

Aider les petites entreprises
Depuis cette année, le SDSC souhaite faciliter sa collaboration avec les PME. Olivier Verscheure explique: «Jusqu’ici, les appels à partenariats que nous avions lancés ne s’adressaient qu’à des sociétés qui avaient déjà une certaine maturité numérique pour être sélectionnées, ce qui laissait de côté une grande partie des plus petites. À présent, on veut aussi les aider à réussir cette transformation.»

Le SDSC les accompagnera ainsi dès le début de leur évolution numérique: «Beaucoup d’entreprises sont encore au stade de la création de leur base de données. De notre côté, nous souhaitons trouver le moyen d’avoir un maximum d’impact sur le tissu local.» Car cette initiative a pour but d’augmenter l’attractivité économique du canton, qui s’engage à hauteur de 7,5 millions de francs jusqu’en 2028 pour soutenir des projets codéveloppés par le SDSC. «Il s’agit d’œuvrer main dans la main avec l’État, qui nous fait confiance pour guider les entreprises dans l’utilisation de la data science et de l’intelligence artificielle.»

Si notre société ultra connectée regorge de données, un travail de sélection et de nettoyage est indispensable. «Il existe beaucoup de données qui ne sont pas exploitables telles quelles, relève Olivier Verscheure. Une mise en forme est souvent nécessaire afin qu’elles soient lisibles par des outils de visualisation et d’analyse.» 

En plus des entreprises, l’État bénéficiera directement de la compétence du SDSC pour tirer le meilleur parti de ses sets de données. «Nous travaillons avec le Canton de Vaud, ainsi que d’autres cantons, sur des questions liées à l’administration. Les offices de promotion détiennent de nombreuses informations que l’on doit aller chercher et nettoyer pour les exploiter.»

L’attrait du Biopôle
En s’installant au Biopôle, le SDSC souhaite devenir un lieu de formation et d’échange pour les entités impliquées dans les différents projets. «Une partie des locaux accueillera des postes de travail pour nos collaborateurs, et l’autre sera dédiée à des espaces où se dérouleront les modules pour les entreprises, des hackathons (ndlr: événement durant lequel des développeurs se réunissent afin de travailler sur le développement d’un programme), des projets collaboratifs, etc.»

Une présence au Biopôle permet également au SDSC de se rapprocher encore plus d’un domaine dans lequel il s’investit déjà beaucoup, le biomédical. «Nous échangeons avec les hôpitaux universitaires depuis les débuts du SDSC, en soutenant les cliniciens dans l’adoption des méthodes d’intelligence artificielle et de sciences de données. Nous collaborons par exemple avec le CHUV sur le thème du sepsis et de la prévention des escarres.» Le centre bénéficiera ainsi de tout l’écosystème du Biopôle, qui héberge plus de 160 compagnies spécialisées dans les sciences de la vie. Le SDSC totalise aujourd’hui plus d’une centaine d’emplois. «Ce sont en majorité des professionnels en data science et en ingénierie, mais on dispose également de profils avec des connaissances et des expériences spécifiques à certains domaines.» Comme le SDSC cible ses actions sur certaines thématiques, comme le biomédical, le climat, la durabilité ainsi que la transformation numérique des entités publiques ou privées, une bonne compréhension des enjeux que rencontrent les partenaires est en effet essentielle. «Cela va de la validation de la solution élaborée, jusqu’à sa mise en pratique.»

Cinq projets lancés

Si le SDSC est le fruit d’une initiative nationale, un accord de partenariat stratégique a été signé avec le Canton de Vaud en 2024. À la clé notamment, le soutien financier de plusieurs projets utilisant sciences des données et intelligence artificielle. Une première cuvée de cinq premiers dossiers sélectionnés a été annoncée en septembre dernier. Que ce soit pour limiter les effets néfastes des moules quagga, améliorer la qualité de vie de la population âgée, gérer durablement les débits des cours d’eau au moyen de l’IA, restaurer la motricité chez les personnes atteintes de lésions de la moelle épinière ou déployer un modèle de langage médical open source facilitant la prise de décision clinique, ces cinq projets «illustrent l’importance de la valorisation des données pour stimuler l’innovation et renforcer le tissu économique», comme l’indique la conseillère d’État Isabelle Moret. Olivier Verscheure salue quant à lui «l’impact sociétal» de ces actions: «Pour prendre l’exemple de l’outil d’anticipation de cette prolifération, ce projet est d’importance tant sociétale qu’environnementale, car les moules quagga causent des dégâts aux infrastructures hydriques en plus de menacer la biodiversité du Léman.» L’appel à projets pour 2026 vient quant à lui d’être annoncé.