Lausanne 2025
LA GYM EN GRAND FORMAT

À la tête d’une LOGISTIQUE pharaonique

La Fête fédérale de gymnastique est un événement d’ampleur nationale qui exige une organisation rigoureuse, une logistique bien rodée et une coordination sans faille. Cette manifestation, qui accueille près de 65'000 gymnastes et 300'000 visiteurs sur deux week-ends, repose sur un travail colossal. Au cœur du réacteur, le directeur des opérations Benoît Ruchet nous donne un aperçu de ce que cela représente pour ses équipes.
ARC Jean-Bernard Sieber

Benoît Ruchet, directeur des opérations de Lausanne 2025: «Près de 29'000 personnes doivent être logées au plus fort de l’événement.»

ARC Jean-Bernard Sieber

Malgré la somme de travail restante et le stress du compte à rebours, Benoît Ruchet se montre d’un calme olympien, et répond aux mille et une questions que suscite l’organisation de la Fête fédérale de gymnastique sans jamais se départir de son sourire. En tant que directeur des opérations, il chapeaute trois grands départements: l’organisation des événements, la gestion des sites et infrastructures, ainsi que les services de soutien, incluant la mobilité, la sécurité et la propreté.

«Le premier défi est certainement celui de respecter le cahier des charges de la Fédération suisse de gymnastique, qui reste propriétaire de l’événement», souligne Benoît Ruchet. Et ce n’est pas rien, puisqu’il faut répondre aux besoins spécifiques de chacune des 22 disciplines en compétition: «Par exemple, nous devons aménager une trentaine de sites sportifs répartis à travers Lausanne et ses environs.» Ces sites accueillent des disciplines allant de la gymnastique aux agrès à des sports moins connus comme le saut combiné. Le cahier des charges exige des infrastructures adaptées à chaque discipline, ce qui implique la construction temporaire de terrains de compétition, de pistes de saut et d’installations spécifiques.»

«Pour la seule compétition de balle à la corbeille, discipline surtout connue en Suisse alémanique, nous devons mettre à disposition 62 terrains pour les compétitions féminines et masculines, sachant qu’un terrain de football peut en accueillir quatre.»

Et si certaines infrastructures sont existantes, comme le stade de la Pontaise, le Palais de Beaulieu ainsi que plusieurs salles de gymnastique, de nombreuses installations doivent être construites ex nihilo: «Pour ne citer qu’un chiffre, 32 km de marquage au sol sont nécessaires pour délimiter les terrains de jeux. Et je ne parle pas des centaines de barrières qui doivent assurer une sécurité optimale.»

L’hébergement et la restauration
La Fête fédérale de gymnastique attire plus de 65 000 participants sur deux week-ends. On imagine le défi logistique que cela représente en matière d’hébergement: «Près de 29'000 personnes doivent être logées au plus fort de l’événement.» Un camping temporaire situé à la Bourdonnette pourra accueillir jusqu’à 20'000 personnes, pour lesquelles il faudra assurer un accès à l’eau potable, des toilettes, des douches et des infrastructures électriques. Et comme le camping ne pourra accueillir la totalité des gymnastes, des «hébergements de masse» sont prévus dans environ 40 salles de gym, soit environ 50 à 100 personnes par salle: «Toutes seront équipées avec des lits de camp et des paillasses militaires. Une inspection de chaque site sera effectuée par la police du feu afin de vérifier que les normes de sécurité et les voies de fuite sont bien respectées,» souligne Benoît Ruchet.

 

La mobilité et la gestion des flux
Habituellement organisée en rase campagne ou sur des places d’armes, la mise en place des infrastructures se fait sans trop de contraintes. En pleine ville, il en va autrement: «La réalité urbaine est totalement différente, et nous devons nous adapter au rythme de la ville. Donc, pas question de bloquer les parkings ou encore les terrains de sport trop longtemps, pour ne pas gêner plus que nécessaire leurs utilisateurs habituels. Aussi, nous misons sur une période d’un mois pour assurer tout le montage, ce qui est relativement court.»

Un autre aspect hautement complexe: la gestion des déplacements des athlètes et des spectateurs: «Des partenariats ont été établis avec les CFF et les tl pour assurer une fluidité maximale des déplacements, détaille Benoît Ruchet. De même, un plan précis a été établi pour éviter les engorgements, notamment autour de la place de fête et des principaux sites de compétition. Pour réduire l’impact sur le trafic urbain, nous avons également prévu des chemins piétonniers, un système de navettes et de transports en commun pour réduire les besoins en véhicules individuels. Et enfin, nous travaillons avec un transporteur unique pour centraliser l’acheminement du matériel sur les sites de compétition et de stockage. Ce qui ne sera pas une mince affaire, compte tenu des volumes en jeu…»

La gestion des déchets et la durabilité
Toutes deux étant liées, la gestion des déchets comme la durabilité sont au centre des préoccupations, les organisateurs de la Fête fédérale de gymnastique affichant des ambitions élevées: «Nous avons pris le pari audacieux de mettre les finances et la durabilité sur un pied d’égalité. Chaque décision est bien sûr prise en tenant compte de questions budgétaires, mais toujours en cherchant la meilleure option d’un point de vue durable.»

En matière de gestion des déchets, l’objectif est de fixer à 0,4 kg par personne, «ce qui implique la mise en place d’un système de tri rigoureux sur l’ensemble des sites, précise Benoît Ruchet. Malgré cela, le volume de déchets attendu est considérable, et sera absorbé par quelque 3000 conteneurs répartis à travers les zones de compétition et de rassemblement.»

Quant à la question de la durabilité, elle est vaste, allant du transport en mode électrique à l’interdiction d’objets à usage unique. Mais contrairement à ce que l’on pourrait penser, cela ne concerne de loin pas que la vaisselle… «Cela veut dire qu’il faut trouver des solutions de substitution aux rubalises, au scotch, aux attaches que l’on utilise en quantité infinie…» énumère Benoît Ruchet. «Cela nous oblige à tout remettre en question. Forcément, c’est du travail en plus, mais cela nous a permis de trouver des alternatives auxquelles nous n’aurions jamais pensé si nous n’avions pas tout passé au tamis de la durabilité.»

Il va sans dire que toute marchandise qui serait transportée par avion est bannie. Et qu’il en va de même pour les humains… Benoît Ruchet cite volontiers l’exemple de la troupe grecque de renommée internationale The Wolves, qui doit se produire dans le cadre du spectacle Gymagine à la Vaudoise aréna: «Ils ont réussi à s’arranger. Et acceptent de voyager moins rapidement en ayant recours à des transports alternatifs à l’avion.»