« Notre objectif est clair. Nous voulons déployer des liaisons RER dans les cinq agglomérations vaudoises à une cadence d’un train toutes les quinze minutes », déclare d’entrée de jeu Jean-Charles Lagniaz, pour qui le Réseau express régional est la colonne vertébrale du système de transport vaudois. Il en a encore eu la confirmation après l’épidémie de COVID, l’engouement du public s’étant peu tari par rapport au trafic longue distance : « Au contraire, nous constatons toujours plus de demandes. Et c’est valable autant pour les trajets de moyenne distance que pour ceux qui concernent les plus petites gares et les haltes du trafic régional. Il faut admettre que c’est un moyen de déplacement très efficace. De la gare de Lausanne à celle de Renens, le trajet dure à peine six minutes… » Et ce ne sera pas la forte fréquentation de certains trains, aux heures de pointe, qui viendra démentir ce constat : « Les deux axes les plus chargés sont ceux qui relient Lausanne à Bex d’une part, et à Grandson d’autre part. »
Des cadences à quinze et trente minutes
Pour Jean-Charles Lagniaz, il ne fait aucun doute que l’attractivité de l’offre ferroviaire – et des transports publics en général – est liée à la fréquence : « Une cadence horaire continue et étendue sur toute une journée correspond désormais au niveau d’offre minimal attendu par le public, et il n’est déjà plus adapté aux modes de vie actuels et futurs. Raison pour laquelle le Canton de Vaud a fixé dans sa stratégie ferroviaire une nécessaire cadence à trente minutes pour l’ensemble des liaisons et à quinze minutes au sein des agglomérations. »
L’objectif est encore plus ambitieux en ce qui concerne le trafic lié aux cinq agglomérations vaudoises que sont Lausanne – Morges, le Chablais, la Riviera, Yverdon-les-Bains et le Grand Genève : « Notre vision directrice est que l’offre ferroviaire doit jouer un rôle primordial – comme la solide ossature de tout le système de mobilité – grâce à des trains roulant toutes les quinze minutes en direction de l’agglomération lausannoise, qui reste le point central du canton », explique Jean-Charles Lagniaz.
Une ligne ferroviaire, une complexe alchimie
Toutefois, pour augmenter la cadence, il ne suffit pas de changer les horaires. « Cela signifie plus de rames, ce qui implique davantage de sillons ferroviaires – un créneau d’autorisation de circulation sur un parcours précis à un instant précis. Et donc de nouvelles infrastructures ferroviaires (adapter les gares, réaliser des points de croisement ou encore des voies de dépassement) indispensables pour permettre aux trains, roulant à des vitesses variables, de circuler sans encombre sur une ligne où cohabitent les trafics de marchandises, régional, national, voire international. »
Et si la fréquence est la clé de voûte de l’attractivité des transports publics, le confort du voyageur ne l’est pas moins. « C’est précisément pourquoi nous travaillons déjà avec les CFF à augmenter les capacités d’emport des RER afin d’offrir suffisamment de places à bord des trains. En fonction des lignes et de leurs contraintes, il est envisagé soit d’allonger les trains, soit de les doter de rames à deux étages. » Contrairement à ce que l’on pourrait penser, les pendulaires de la semaine ne sont de loin pas les seuls à se rabattre sur les trains régionaux : « Effectivement, nous enregistrons aussi une forte hausse le samedi et le dimanche, ce qui nous encourage à engager des trains plus longs, également le week-end. »
Le LEB du futur
À l’horizon 2050, la vision ferroviaire vaudoise comprend également une série de mesures nécessaires au regard de l’évolution démographique. Par exemple, sur la ligne du Lausanne-Echallens-Bercher (LEB), elle étudie la faisabilité d’une nouvelle desserte entre Cheseaux et Renens : « Non seulement cela permettrait d’établir un lien direct entre le Gros-de-Vaud et l’Ouest lausannois en plein développement et les hautes écoles, mais cela contribuerait également à désengorger les métros lausannois, remarque Jean Charles Lagniaz. Plutôt que de faire circuler un train toutes les cinq minutes et amener tout le monde au centre de Lausanne pour ensuite les redistribuer en périphérie, nous préférons maintenir une cadence de dix minutes, ce qui est déjà élevé, et disposer d’une deuxième branche qui amènerait les voyageurs directement au plus proche de leur destination. »
Et ailleurs dans le canton
C’est un fait : certaines régions du canton, au fort potentiel de développement, nécessitent une amélioration de l’offre, mais également un rajeunissement de leurs infrastructures. C’est notamment le cas de la Broye, au tracé ferroviaire historique présentant un itinéraire fait de détours qui allongent considérablement le temps de parcours. « C’est une région dynamique avec du potentiel en termes d’habitats et d’emplois. Nous visons la mise en œuvre de mesures d’accélération sur cette ligne, qui devraient permettre d’atteindre un temps de déplacement attractif. »
Dans cette même perspective à long terme, le Canton de Vaud étudie la faisabilité d’une nouvelle ligne entre Bex et Monthey afin d’améliorer l’offre RER au cœur du Chablais ; de la création à Chavornay d’un raccordement direct en direction du nord pour la mise en œuvre d’une offre régionale directe entre Orbe et Grandson, via Yverdon-les-Bains ou de la reconstruction d’une ligne entre Vevey et Châtel-St-Denis pour relier Bulle à la Riviera.