Economie et durabilité
Les défis de 2050

Une mobilité multimodale, de proximité et à faibles émissions

Afin de favoriser de nouveaux comportements et d’offrir une réelle alternative au transport individuel motorisé à l’horizon 2050, le Canton œuvre au développement d’une offre de transports publics attractive sur tout le territoire. La part du rail augmentera, y compris pour le transport de marchandises, tandis que toutes les mobilités cohabiteront sur les routes.
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Des axes de transport public de qualité se développent, avec une offre suffisante en capacité, comme le futur tram Lausanne-Renens

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Multimodale, de proximité et à faibles émissions. Voilà ce à quoi pourrait ressembler la mobilité dans le canton en 2050. Ce pan de l’activité est actuellement responsable de 40% des gaz à effets de serre émis dans le canton, dont la quasi-totalité est causée par des véhicules individuels motorisés. Vaudoises et Vaudois ont tendance à parcourir des distances plus longues que par le passé, dans des véhicules plus lourds en moyenne, les émissions ont ainsi augmenté de 3% entre 1990 et 2016.

Dans le cadre du Plan climat 2020, 50 millions ont été obtenus pour le développement des lignes de bus régionales dans le canton et 67 millions sont venus s’y ajouter en juin dernier pour favoriser le report du transport de marchandises de la route au rail. Actuellement, 6 % des émissions de gaz à effet de serre du canton sont liées au transit de marchandises, une activité en nette augmentation.
L’objectif est donc d’augmenter le transit par le rail et, lorsque c’est possible, en souterrain.

La bonne activité au bon endroit
Pierre-Yves Gruaz chapeaute la Direction générale de la mobilité et des routes du canton. Il souligne l’importance de l’aménagement du territoire dans le processus de décarbonation. «Le précepte de base est de mettre la bonne activité au bon endroit». Car la majorité des déplacements se font par nécessité, il faut donc réaménager le territoire et adapter le réseau de transport pour réduire les besoins. Un nouveau plan directeur cantonal doit voir le jour d’ici à 2026.

L’enjeu n’est pas uniquement climatique: il s’agit de désengorger des axes routiers saturés. Pour y arriver, il faudra moins de véhicules sur les routes et moins de kilomètres parcourus en voiture. Ces deux objectifs sont étroitement liés; les réaliser entraînera mécaniquement la baisse des émissions de gaz à effet de serre.

«On doit donner des alternatives crédibles à la voiture», explique Pierre-Yves Gruaz. «Cela passe par des transports publics de qualité, avec une offre suffisante en termes de desserte et de capacité».

Si Lausanne doit attendre 2038 pour avoir sa nouvelle gare, un retard qui pèse aussi sur le projet de développement des métros, d’autres axes se développent dans le canton, avec des projets de tram, de RER et de bus à grande capacité, prioritaires à certains carrefours. Réseaux cyclables et piétonniers continuent eux aussi d’être développés, en coopération avec les communes.

Des perceptions qui évoluent
Le partage de véhicules est également appelé à jouer un rôle. Car les voitures passent 80 % de leur temps à l’arrêt et connaissent un taux d’occupation très bas une fois en mouvement. «Mobility», bien connue pour son système d’autopartage, fait partie des acteurs qui pourraient se profiler sur ce marché. L’entreprise affichait une croissance de 8% en 2022 et estime que ses 3000 véhicules remplacent déjà plus de 30’000 voitures en Suisse.

Reste un Rubicon à franchir, celui de l’attachement culturel à la voiture individuelle. «Je suis assez optimiste», confie Vincent Kaufmann, qui dirige le laboratoire de sociologie urbaine de l’EPFL. «Avant, faire du vélo dans la vie quotidienne donnait l’image d’une sensibilité verte. Aujourd’hui, nombre de cadres bancaires posent ostensiblement leur casque de vélo sur la table en arrivant à une réunion, pour bien montrer qu’ils sont dynamiques et tendance». Un changement de perception est donc en train de se produire, qui finira par atteindre toutes les couches sociales, selon le sociologue.