C’est un projet titanesque de 45 millions de francs qui se profile au cœur des Préalpes vaudoises. Dans quelques années, Château-d’Œx devrait accueillir sur un même lieu une ferme en biodynamie, un hôtel de 22 chambres, un restaurant aux produits locaux, des salles de séminaires et des espaces consacrés à la naturopathie. «L’idée est de créer un site qui voie la vie d’une manière plus holistique, plus intégrale», résume Esther Mottier, paysanne et porteuse du projet auprès de son époux Nicolas. Propriétaire des terres destinées à la construction, le couple espère sensibiliser leurs futurs visiteurs aux enjeux environnementaux: «Notre souhait: que les gens puissent passer du temps dans la nature, qu’ils participent à la traite, se lèvent avec nous à 5 heures et demie du matin pour voir à quoi ressemble le métier d’agriculteur».
Destiné aux familles et aux personnes souhaitant prendre soin de leur bien-être, le projet «Votre Cercle de Vie» vise également à attirer les cadres d’entreprises. «Notre souhait est de collaborer avec ce type de personnes», explique Esther Mottier. «La nature du projet apporte nombre d’innovations, dans la construction, dans la production d’énergie, dans la manière dont on se nourrit. C’est un endroit qui peut servir de source d’inspiration.»
Avec la promesse de créer 58 emplois – soit 36 équivalents plein-temps – «Votre Cercle de Vie» est un projet soutenu par la Municipalité. «S’il y a une création d’emplois, c’est intéressant.
Et c’est quand même un projet absolument novateur qui n’a pas d’équivalent» salue Eric Grandjean, le syndic de Château-d’Œx.
Budget important
Si le plan d’affectation et le projet soumis à la population communale échappent aux oppositions et recours, les terrains quitteront la zone agricole et les travaux pourront commencer en 2024. Afin de financer ce mastodonte de l’agrotourisme, Esther Mottier et ses équipes préparent un dossier pour bénéficier des fonds perdus du Canton de Vaud, destinés au développement du tourisme durable. À cela s’ajouteront des fonds privés et des prêts bancaires qui permettront de compléter ce financement.
Reste maintenant à convaincre les habitants et agriculteurs du Pays-d’Enhaut. «Actuellement, la crainte est principalement financière», explique Esther Mottier. «On s’inquiète de la mise en danger de notre patrimoine familial. Ce sont des craintes assez nobles, elles témoignent d’une inquiétude à notre égard». «Comme il s’agit un projet à vocation hôtelière et agricole, certains agriculteurs traditionnels ont de la peine à le comprendre», concède à son tour Eric Grandjean. Un travail de sensibilisation et de communication en amont cherche donc à rassurer les éventuels opposants: «L’idée n’est pas que tous les agriculteurs suivent notre chemin, ce serait impossible», insiste la porteuse du projet. Cependant, nous pensons qu’il faut entamer cette transition écologique.»