Plateforme 10/2019
Quartier des arts, acte 1

Un morceau de ville avec musées

Plateforme 10 n’est pas qu’un beau projet culturel, c’est aussi un nouvel espace collectif en pleine ville.
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Les arcades du mur nord apporteront de la vie le soir aussi, après la fermeture des musées.

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ARC Jean-Bernard Sieber

Simon Palmieri et Régis Tosetti

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ARC Jean-Bernard Sieber

Ce 5 octobre, ce n’est pas seulement le Musée cantonal des Beaux-Arts qui est à découvrir, avec son exposition spéciale, gratuite jusqu’en janvier. C’est le début d’un nouveau quartier. On sera encore loin d’en avoir une image complète: au fond, la construction du deuxième bâtiment est en cours. Et à l’entrée du site côté gare, le décor reste provisoire.
Mais d’autres aménagements sont prêts. Il y a notamment le nouvel escalier monumental vers l’avenue Louis-­Ruchonnet et le parking de Montbenon, ainsi qu’un ascenseur. Il y a la Crocodile, cette œuvre d’art de cinq tonnes, au format d’une vraie locomotive, en métal peint en vert, hommage au passé ferroviaire du site. Dans un premier temps, elle est située près du MCBA, mais devrait être déplacée dans deux ans du côté du deuxième bâtiment. Il y a encore les anciennes arcades dans le mur nord, face au MCBA, qui ne seront occupées qu’en janvier, mais qui sont prêtes. Certaines proposeront de la restauration, il y aura donc de la vie sur ce site le soir aussi, après la fermeture du musée. La cafétéria du MCBA pourra également rester ouverte le soir. 

Un lieu vivant
C’est un modeste début, mais un prélude à la naissance d’un quartier vivant. Dans deux ans, cet espace plat de 22000 mètres carrés accueillera un restaurant en son centre, avec une terrasse. Et de nouvelles arcades près du deuxième bâtiment. Entre les deux géants muséaux aux géométries inhabituelles, on peut supposer que l’esplanade bénéficiera d’une atmosphère particulière. D’autant plus que tout le secteur sera doté (et l’est déjà partiellement) d’un mobilier urbain particulier. Pour s’asseoir, le public disposera de 19 grandes pastilles de format variable, en béton partiellement recouvert de bois. 

De plus, ce sera un lieu de passage. On y transitera à pied ou à vélo depuis ou vers l’ouest lausannois, en passant par la rampe de mobilité douce qui longera les voies ferrées. Cette rampe, c’est l’un des heureux imprévus dans le développement du site. Un autre, c’est la végétalisation de 5000 mètres carrés, près d’un quart du site, bien plus qu’imaginé au départ. Un parcours botanique, didactique, va d’ailleurs être créé par le Jardin botanique, ce qui en fait une quatrième institution venue se greffer sur le projet. 
Et il y en aura vraisemblablement une cinquième, encore inconnue, qui s’installera à l’entrée du site, côté gare, sur la parcelle de terrain qui inclut le vieux poste de contrôle des CFF. Autre perspective nouvelle encore, Plateforme 10 envisage maintenant d’accueillir des spectacles, des concerts de rock, de rap, ou lyriques, des représentations théâtrales.
Plateforme 10 ne sera donc pas qu’un ensemble muséal entouré de quelques éléments de décor. «Dès le début, nous avons pensé quartier et pas seulement institutions, précise Chantal Prod’Hom, présidente du Conseil de direction. J’espère que le lieu sera habité par des gens qui viendront y manger, s’arrêteront dans les petites arcades ou s’installeront à l’abri d’un arbre.» L’architecte cantonal, Emmanuel Ventura, se félicite qu’on redonne ainsi un morceau de ville à tout le monde. 

POURQUOI «PLATEFORME 10»

«Pendant longtemps, on a parlé de projet de Pôle muséal. Parce que ce n’était pas très distinctif, un concours a été lancé, remporté par les graphistes ­Simon ­Palmieri et Régis Tosetti avec cette idée simple qui a ravi les musées. Le nombre 10, parce que la gare de Lausanne compte neuf voies. Plateforme, parce que ça rappelle les anciens hangars à locomotives. De plus, avantage important en Suisse, on n’a pas besoin de le traduire», relève Chantal Prod’Hom.
À l’entrée du site, qui permettait aux locomotives de s’orienter vers le hangar, il reste une énorme plaque ronde de triage au sol. Il fallait la conserver, c’était une exigence de Patrimoine suisse. D’où le logo rond de Plateforme 10 imaginé par les graphistes, avec une barre de travers comme sur la plaque. Et ces caractères graphiques à lignes parallèles, inspirés des rails.