Depuis 2009, le certificat fédéral de capacité (CFC) pour les métiers de la terre – agriculteurs, aviculteurs, arboriculteurs, maraîchers, viticulteurs, cavistes – s’obtient après trois ans d’apprentissage. Il est ensuite possible de rejoindre un des autres domaines en une année, pour valider deux diplômes. Le brevet est ensuite recommandé pour se spécialiser davantage dans un module particulier ou pour se familiariser avec les tâches d’un chef d’exploitation, axées notamment sur la comptabilité, la communication et la gestion.
Le modèle éducatif introductif s’apprête toutefois à être réformé. Quelle est l’origine de ce changement? «Selon la loi fédérale sur la formation professionnelle, les ordonnances sur la formation doivent régulièrement être discutées et remises au goût du jour par les organisations du monde du travail, avance Christian Pidoux, directeur d’Agrilogie. Dans le domaine agricole, c’est l’Organisation du monde du travail (OrTra) AgriAliForm – agriculture, alimentation, formation – et ses corporations membres qui révisent les objectifs tributaires de l’enseignement.
Cette démarche est notamment chapeautée par le Secrétariat d’État à la Formation, à la recherche et à l’innovation (SEFRI)». Les mises au point discutées par divers corps des métiers agricoles aboutissent généralement à des révisions partielles; une nouvelle thématique à ajouter au cursus comme la reconnaissance de plantes invasives, par exemple.
Coller aux besoins
Mais aujourd’hui, la formation initiale ne répond plus aux besoins et aux exigences. Une révision complète est donc prévue pour 2026. L’initiative proposée par l’OrTra AgriAliForm en 2018 s’est muée en consultation interne auprès des organisations membres, qui, en plus de la confirmer, ont pu lui apporter diverses améliorations.
«Plusieurs élèves ont signalé que certains sujets vus sur les trois ans ne les intéressaient pas, ou ne leur seraient pas utiles dans leur future exploitation, explique celui qui travaille à la Direction générale de l’agriculture, de la viticulture et des affaires vétérinaires (DGAV). Par exemple, les apprentis agriculteurs apprennent les bases de la production bovine, même si les fermes comptent de moins en moins de vaches aujourd’hui en Suisse. Certains étudiants n’y trouvent pas leur compte, puisqu’ils savent qu’ils n’élèveront pas de bétail.»
Partant de ce constat, le nouveau programme, toujours en cours de validation, vise davantage de flexibilité et une spécialisation dès la troisième année. «Les apprentis qui cherchent à obtenir un CFC d’agriculture auront un tronc commun de deux ans pour maintenir des bases solides: fertilité des sols, connaissance des animaux, des plantes, etc. En troisième année, ils choisiront une des six orientations pour confirmer leur CFC: grande culture, grande culture bio, production bovine, production porcine, aviculture et agriculture de montagne. Ils auront la possibilité d’en choisir une deuxième s’ils veulent prolonger leur formation sur quatre ans, ce qui leur vaudra un deuxième CFC», développe Christian Pidoux.
Une année de plus?
La révision est «un bon consensus», selon l’ingénieur agronome, puisqu’elle concilie les points de vue. «D’un côté, la Suisse alémanique souhaite maintenir un cursus de trois ans, mais de l’autre, les Romands tendent à vouloir ajouter une année supplémentaire pour étendre la formation de base, poursuit-il. L’avantage, c’est que la formation initiale va permettre aux jeunes de se familiariser plus tôt vers des compétences spécifiques. L’inconvénient est que leur exploitation peut changer, et ils disposeront de connaissances plus pointues, mais moins larges». Le CFC d’aviculteur sera quant à lui supprimé, puisqu’il rejoindra les six domaines proposés aux futures agricultrices et futurs agriculteurs.
Quant aux plans d’étude des cavistes et des viticulteurs, ils seront désormais regroupés par une introduction commune de deux ans, suivis d’une troisième année de spécialisation. Plus précisément, un CFC de «viniculteur» avec deux orientations: vigne ou cave. «L’avantage de ce système, c’est que les apprentis pourront aussi pousser leur formation sur quatre ans s’ils choisissent d’étudier les deux orientations», souligne le directeur d’Agrilogie.
Après de nombreuses adaptations à la suite de la consultation interne, les leçons de la nouvelle formation initiale aux professions agricoles devraient s’allonger à 1500 heures sur trois années, avec une répartition de 500 cours à la place des 480 en vigueur. Les apprentis suivront toujours une leçon en établissement par semaine, ainsi que des cours blocs en période hivernale. «Lors de nouvelles ordonnances, il faut mettre d’accord toute la Suisse, du petit paysan d’Appenzell à la grosse exploitation du Jura. C’est un travail de longue haleine», explique Christian Pidoux.