Le sol vaudois
ses fruits, ses défis pour le futur

L’homme qui tombe à pic pour RELEVER LES DÉFIS de l’agriculture

Le nouveau directeur de Prométerre, Martin Pidoux, détaille les enjeux de l’Association de promotion des métiers de la terre qui se place aux côtés des agriculteurs.
ARC Jean-Bernard Sieber

Le quadragénaire Martin Pidoux, nouveau directeur de Prométerre: des missions qui vont de la promotion et de la défense des métiers de la terre à l’information à une population toujours plus déconnectée de l’agriculture.

ARC Jean-Bernard Sieber

La qualité de vie dans l’agriculture est importante aussi. Chaque exploitante ou exploitant doit pouvoir concilier son travail avec la famille et les loisirs.

ARC Jean-Bernard Sieber

Fraîchement nommé à la barre de Prométerre, Martin Pidoux n’a pas le temps de s’ennuyer tant les défis qui s’imposent à la branche sont nombreux. Issu d’une famille paysanne, ce quadragénaire a également travaillé au sein de l’Office fédéral de l’agriculture et de l’Union suisse des paysans, avant d’enseigner à la Haute école des sciences agronomiques, forestières et alimentaires de Berne. Interview.

Martin Pidoux, comment définissez-vous votre association pour le grand public?
Prométerre a plusieurs missions principales. La promotion des métiers de la terre, y compris la défense des intérêts de nos membres (agriculteurs, arboriculteurs, maraîchers, etc.), la communication pour mieux expliquer au grand public combien nos métiers sont importants et ce qu’ils apportent à la population. Nous remplissons également un certain nombre de prestations qui sont délégués sur mandat de l’État et proposons toute une panoplie d’assurances en faveur des familles paysannes, par exemple le dépannage agricole et la protection juridique.

Sur combien de personnes vous reposez-vous pour remplir toutes ces tâches?
Entre 180 et 200 personnes. Le financement est réparti entre les cotisations des membres, l’enveloppe de l’État correspondant aux mandats confiés et les coûts de certains services, comme notre fiduciaire. Nous avons 14 filiales au total, ce qui montre l’ampleur de nos engagements en faveur de l’agriculture vaudoise surtout, mais pas uniquement.

En quoi êtes-vous utile à la branche?
Il y a les services de base déjà évoqués, comme les assurances ou la prévoyance, qui sont indispensables à toute entreprise. Ce que je constate de plus en plus, c’est que tous nos métiers deviennent chaque jour plus complexes et nos prestations gagnent en importance pour cette raison. Quand un paysan souhaite évoluer dans son approche technique ou rendre son domaine en phase avec une nouvelle législation, notre conseil ainsi que nos cours dispensés par des professionnels formés peuvent grandement l’aider. Il y a clairement une demande dans ce sens.

N’avez-vous pas la «tentation» de former le public également?
Il est plus juste de parler d’informer, mais la question est pertinente. La part de la population en contact direct avec l’agriculture ne cesse de diminuer. C’est un enjeu majeur pour une organisation comme la nôtre.

Ces dernières années, on a vu Prométerre toujours plus présent sur le terrain politique. Pourquoi?
Parce que le débat est presque permanent désormais avec des initiatives vues «contre» l’agriculture qui sortent du bois chaque année ou presque. Notre rôle est d’être au cœur des discussions, d’abord pour défendre nos positions ainsi qu’une information factuelle et vérifiée, mais aussi parce que ces initiatives nous permettent d’avoir une plateforme pour nourrir un dialogue honnête et franc avec un public que nous ne côtoyons pas forcément en dehors de ces rendez-vous démocratiques. Jusqu’ici, ces initiatives au ton rude ont plutôt permis de mieux expliquer les efforts de nos métiers et de sensibiliser le public, même si cela demande un engagement très important.

Comment se fait-il que votre message peine à passer, que les progrès de l’agriculture ne sont pas toujours considérés?
L’alimentation est un sujet qui intéresse tout le monde, car il nous touche toutes et tous directement. Cela implique de communiquer davantage, puisque certaines idées ne sont plus le reflet de la réalité; et certaines recommandations, qui paraissent fondées dans des propos politiques, conduiraient parfois à l’inverse de l’objectif, comme une importation massive de certaines denrées. Mon rôle est notamment de participer à cette reconnexion entre deux mondes.

Depuis votre entrée en fonction, quel est l’état de santé des métiers de la terre?
Si l’on ne regarde que le court terme, c’est un secteur qui connaît des difficultés et qui est remis en question dans ses certitudes. Mais dans un monde qui évolue tout le temps, on sait que nous devrons toujours manger trois fois par jour et produire en phase avec les enjeux environnementaux, ce qui donne des perspectives fantastiques. D’autant que la plupart de nos membres ont fait leur « révolution » et sont prêts à répondre à tous ces défis, forts d’une excellente formation et d’équipements très modernes.

Et quelle est votre préoccupation principale?
La relève! Une jeune personne qui s’intéresse à l’environnement et à la meilleure manière de nourrir la population doit suivre un cursus dans le domaine agricole. Elle aura un travail assuré pour l’avenir. L’agriculture offre une foule de métiers passionnants et nous sommes conscients des efforts à produire pour trouver des personnes compétentes, ce qui est une difficulté à ce jour. Nous devons aussi penser à la qualité de vie, qui doit permettre à chaque exploitant de concilier son travail avec la famille et les loisirs, ce qui est très important à notre époque.