2018 Rénovations et énergies renouvelables
Hors série de la Feuille des avis officiels No 24 du 23 mars 2018 Spécial rénovations et énergies renouvelables

Biogaz: du lisier à l’électricité

La zone industrielle de Treize-Cantons accueille depuis 2016 la plus grande installation de biogaz agricole de Suisse. Au total, 25'000 tonnes de matières organiques y transitent chaque année pour y être transformées en chaleur et en électricité.
ARC Jean-Bernard Sieber

La centrale de biogaz de Treize-Cantons alimente 1200 ménages des alentours et fournit de la chaleur à l'entreprise Nestlé Waters. Elle contribue au séchage de capsules de café recyclées.

ARC Jean-Bernard Sieber

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Marc Menoud à l’usine de biogaz agricole, construite par le Groupe E Greenwatt SA.

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Inaugurée une année après le début des travaux, la centrale de biogaz du Groupe E Greenwatt est située à Valbroye, sur une parcelle appartenant à Nestlé Waters, à côté du site d’embouteillage d’Henniez. Elle n’a pas été implantée là par hasard. «Pour que ça fonctionne, il y a des règles à observer : être proche du gisement, en l’occurrence le lisier, être proche d’un point d’injection d’électricité et être proche d’un consommateur de chaleur. Treize-Cantons les réunit toutes», souligne Marc Menoud, responsable d’exploitation du site ECO-Broye. Et, de fait, elle fonctionne plutôt bien: elle produit 4,5 gigawatt/an d’électricité dite renouvelable et 5 gigawatt/h de chaleur.
Soutenu par les programmes Swissgrid, la centrale est soumise à un cahier des charges. On n’y brûle pas n’importe quoi. «Le 80% de la biomasse doit être constitué de déchets de ferme et de matières organiques qui proviennent de l’agriculture, soit essentiellement du lisier fourni par 25 à 30 exploitations des environs. «Le solde, d’origine industrielle, est composé de marc de café issu des capsules et de déchets de l’industrie de transformation du lait.»

Méthanisation

Pour se transformer en électricité et en chaleur, les déchets organiques sont compostés et dégradés par des bactéries dans des cuves qui sont chauffées, ce qui entraîne une production de méthane. Le gaz est stocké dans des cuves et utilisé pour alimenter des moteurs reliés à une génératrice qui produit de l’électricité. Celle-ci est injectée dans le réseau et distribuée dans 1200 ménages des alentours qui bénéficient ainsi d’une électricité verte. L’entier du processus est automatisé.

Le 40% du potentiel énergétique ainsi produit est transformé en électricité et le 60% résiduel en chaleur. Tout est valorisé jusqu’au dernier kW. Nestlé Waters est chauffé par cette chaleur et le solde sert à sécher des capsules Nespresso recyclées avant séparation de l’aluminium. En remplaçant de l’énergie produite à partir de sources fossiles, l’installation de biogaz permet une réduction des émissions de CO2 estimée à 1750 t/an, ce qui correspond à la consommation de 660'000 litres de mazout», conclut Marc Menoud. 

Retour à la terre

Dans le domaine du durable, rien ne se perd, tout se récupère. La matière restant en fin de processus constitue un engrais de qualité supérieure qui est repris par les agriculteurs partenaires. Il dispose d’une valeur nutritive très élevée, est mieux assimilé par les plantes que les engrais minéraux et répond aux critères de tous les labels bio courants. Biologiquement propre, il est utilisé sur les terrains inclus dans le périmètre de protection des sources d’Henniez. Grâce à l’extraction du méthane dans le processus de fabrication de biogaz, ces effluents digérés sont presque inodores lors de l’épandage.

Environnement: les objectifs de Nestlé

Dans le domaine environnemental, l’entreprise vise à réduire, entre 2010 et 2020, de 50% les émissions de CO2 dans ses installations de production en Suisse. Il est question de passer de 54'300 tonnes de CO2 émises chaque année (chiffre 2010) à 27'000 tonnes. En comparaison, cette diminution revient à retirer de la circulation l’ensemble de 8800 voitures d’une ville comme Morges (plus de 15'000 habitants). Dans le même espace de temps, elle compte réduire de 50% la consommation d’eau dans ses sites de production en Suisse et passer ainsi de 7,3 millions de m3 utilisés annuellement (chiffre 2010) à 3,6.