Vaud+
Promotion du canton: fédérer les forces

L’œnotourisme, ce terrain de jeu prometteur

Soutenue par VAUD+, l’Association Vaud Œnotourisme (AVOE) est depuis 2014 l’un des acteurs majeurs pour le développement de l’activité vitivinicole vaudoise, mais pas seulement. Zoom sur une pratique en pleine expansion, qui fédère une constellation d’acteurs du tourisme et de l’économie locale.
ARC Jean-Bernard Sieber

Yann Stücki, responsable de Vaud Œnotourisme, attablé au Domaine du Burignon en compagnie d’Anne Bussy, la responsable des lieux.

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La Suisse, en passe d’être reconnue comme destination gourmande.

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En ce mois de juin, Yann Stucki vient juste de rentrer de Bordeaux où il a participé à la rencontre des Great Capitals of Wine. Dans une liste très sélective de onze capitales, membres du Réseau des capitales de grands vignobles, Lausanne côtoie depuis 2018 Bordeaux, Vérone ou encore Napa Valley-San Francisco.

Pour le responsable de l’AVOE, un passionné de rencontres qui a commencé sa carrière comme agent de voyage avant de rejoindre le milieu du tourisme romand, c’est une consécration. D’abord parce que ce réseau permet à la capitale vaudoise de figurer sur la carte internationale des destinations de prestige. Ensuite parce que l’ouverture à l’étranger «permet d’apprendre des autres»: un credo pour celui qui fut aussi chef de projet pour les Jeux olympiques de la jeunesse à Innsbruck en 2012. «Il y a vingt ans, on ne parlait pas d’œnotourisme à Bordeaux: quelques personnes convaincues et passionnées ont pris leur bâton de pèlerin et ont opéré un travail de fond, vraiment comme chez nous!»

Né dans le cadre du Plan cantonal écotouristique 2014-2019 – et ayant bénéficié d’un crédit-cadre de 2,5 millions de francs sur cinq ans –, Vaud Œnotourisme vole désormais de ses propres ailes en s’étant pérennisé comme association en 2018. «Même si tout ceci prend du temps, c’est gratifiant, car il y a une vraie progression écotouristique, et c’est un terrain de jeu qui ne demande qu’à être davantage exploité».

Réunir tous les acteurs de l’économie vaudoise
Il est vrai que cette variante d’agritourisme destinée à faire découvrir des régions vitivinicoles et leurs productions s’est considérablement développée, rivalisant de formules toujours plus élaborées reliant le vin à la gastronomie, à la culture, aux loisirs et même au bien-être. Mais comme l’affirme haut et fort Yann Stucki, il ne s’agit plus de sectorialiser: «Aujourd’hui, chaque action de promotion, quelle qu’elle soit, est un levier pour l’économie vaudoise.»

Si l’Office des vins vaudois (OVV) sert d’interface marketing aux producteurs en «faisant l’image des vins de notre canton», l’AVOE agit davantage comme plateforme de travail et d’échange avec les différentes institutions concernées.

Il n’y a qu’à voir la liste des membres de son comité, révélatrice des synergies fécondes pour l’économie vaudoise, du président de GastroVaud, Gilles Meystre, au directeur de Prometerre, Luc Thomas, en passant par le directeur de l’Association romande des hôteliers, Alain Becker, la directrice de Vaud Promotion, Florence Renggli, ou encore Benjamin Gehrig, directeur de l’OVV.

Transformer les concurrents en partenaires potentiels
D’un point de vue opérationnel, l’AVOE ne compte en revanche que sur un emploi à 60%, partagé entre son responsable Yann Stucki et le gestionnaire de la certification Vaud Œnotourisme, Jaap Kluvers.

 

Car au cœur de l’AVOE, l’enjeu est bien la certification, telle que la pratique peu ou prou VAUD+ pour les institutions et les entreprises.

«Notre but est de mettre en avant les professionnels qui travaillent dans un même état d’esprit et d’en faire un réseau d’ambassadeurs: les membres ne sont plus des concurrents, mais des partenaires potentiels!»

Basée sur un cahier des charges relativement léger et avant tout ciblé sur l’accueil du public (l’encaveur doit par exemple afficher les conditions de dégustation en trois langues, le restaurateur proposer au moins trois vins vaudois à sa carte…), la certification concerne aujourd’hui 110 professionnels du canton: une «communauté en expansion qui démontre de plus en plus d’enthousiasme et d’assiduité », comme en témoigne Constant Jomini, encaveur certifié à Chexbres. «En somme, on essaye de se mettre à la place du prestataire et du client,» résume Yann Stucki.  

Outre la certification, la valeur ajoutée de l’AVOE est bien de créer des projets qui fédèrent tout ce petit monde à l’instar du Swiss Wine Tour à l’échelle nationale ou d’animer un réseau à travers des événements comme les Rencontres suisses de l’œnotourisme qui ont lieu chaque année en Suisse ou de prestigieux concours internationaux à l’instar du Best Of Wine Tourism.

Aujourd’hui, le visiteur veut une expérience globale
Surtout, Yann Stucki insiste, il faut «générer la fierté de ce que l’on est et de ce que l’on fait. Les Vaudois sont un peu timorés, mais on doit le dire haut et fort!» Admiratif du modèle valaisan et de sa marque territoriale lancée il y a quinze ans déjà, il se souvient: «Quand je vivais là-bas, je rentrais toujours dans le canton de Vaud le week-end avec deux bouteilles de Fendant, du pain de seigle et de la viande séchée: il faut que ce soit pareil ici. Le touriste doit repartir spontanément avec ses produits sous le bras.»

Pour lui, la naissance de Vaud Promotion et de la marque territoriale VAUD+ sont de solides pierres apportées à l’édifice de la promotion concertée de notre canton, lequel compte 850’000 habitants, «autant d’ambassadeurs spontanés! Et Vaud Œnotourisme s’inscrit totalement dans la dynamique VAUD+, car l’œnotourisme, à sa manière, est le pionnier du multisectoriel économique mêlant vin – le vrai produit d’appel –, terroir, culture, tourisme, hôtellerie… et encore tant de choses à inventer!»

Yann Stucki voit donc l’avènement de VAUD+ avec beaucoup d’enthousiasme : «Il fallait arrêter de tout cloisonner par familles. Aujourd’hui, la réalité, c’est qu’un visiteur, qu’il soit étranger ou local, veut avoir accès à une expérience globale.» À l’entendre, difficile d’aller visiter l’abbatiale de Romainmôtier sans aller déguster un cru local ou goûter une spécialité du coin. Le «patrimoine au sens large»: c’est cela la force de la philosophie de Vaud Promotion.
Plus d’infos: www.vaud-oenotourisme.ch

Swiss Wine Tour

Lancée ce printemps et destinée à «créer un réseau à l’échelle nationale de prestataires avec un état d’esprit écotouristique», la plateforme digitale Swiss Wine Tour a été accueillie à bras ouverts par bon nombre de professionnels de la vigne et du tourisme qui peinent parfois à fédérer tout ce qui existe déjà en la matière.

Comme le résume Yann Stucki, chef de projet, «Pas de Röstigraben en matière d’œnotourisme!» S’il prévoit qu’entre «100 et 120 offres seront disponibles d’ici fin 2022», il prédit un développement exponentiel pour arriver à un outil pleinement performant à l’attention du public comme des professionnels, d’ici quelques années. Son rêve? Continuer à se fédérer à l’échelle nationale, que la Suisse soit reconnue comme destination gourmande, coordonner les cahiers des charges et alléger les processus. «Bientôt, nous aurons une vraie interconnexion entre les régions.»

Plus d’infos: www.swisswinetour.com