Plateforme 10
Quartier des arts

Destins croisés à Photo Elysée, Musée cantonal pour la photographie

Olivia Bee / Galerie du Jour agnès b.

L’exposition de Photo Elysée fait dialoguer 350 œuvres provenant du monde entier, dont cette photographie d’Olivia Bee: "Paris at Sunrise" (Poppy), de 2013.

Olivia Bee / Galerie du Jour agnès b.

Office fédéral de la culture, Berne / Collections Photo Elysée

Philipp Giegel, Pont de Grandfey, Fribourg, 1983.

Office fédéral de la culture, Berne / Collections Photo Elysée

Olivia Bee / Galerie du Jour agnès b.
Office fédéral de la culture, Berne / Collections Photo Elysée

Même si 80% des œuvres de Destins croisés viennent d’ailleurs, ce sont les collections du musée qui ont tranché. «En feuilletant les albums photographiques d’Adolphe Braun conservés au musée (ndlr: des reportages diffusés dans le monde entier qui documentent avec précision la construction de la ligne du Gothard permise par le percement du tunnel éponyme entre les cantons d’Uri et du Tessin de 1872 à 1880), la présence humaine s’est imposée dès le départ». Mais, selon Marc Donnadieu, commissaire de l’exposition, «notre histoire ferroviaire, autant matérielle que métaphorique, est avant tout pourvoyeuse de nouvelles destinées. L’idée au centre de notre exposition et qui a été mûrement réfléchie par les équipes au grand complet – est vraiment que l’on peut (ou pas) prendre sa destinée en main, que l’on peut à tout moment changer l’aiguillage…» Cette idée de plateforme ferroviaire, véritable métaphore du site «P10», a donné lieu à des rapprochements forts dans la dramaturgie de l’exposition, comme les trains de la déportation peints par Ceija Stojka (1933-2013) en regard de trains de réfugiés photographiés en gare de Genève par Jean Mohr (1915-2018) et pour lesquels il est plus aisé d’imaginer un nouveau départ... Pour Marc Donnadieu, «le hasard envisagé comme un nœud d’aiguillage où se font et se défont les destinées rend les choses moins inéluctables…»

Sur plus d’un siècle et demi d’histoires ferroviaires, l’exposition se déploie donc en quinze stations, regroupées en trois trajets: visions et utopies, expériences de la mélancolie et évidences du réel.

Résolument encyclopédique, l’exposition rend hommage à la rencontre historique entre la photographie, le cinéma et les avant-gardes plastiques et littéraires, en faisant dialoguer 350 œuvres provenant du monde entier: 40% de photographie bien sûr, avec de grands noms comme Ella Maillart, Henri Cartier-Bresson, Robert Doisneau, Martine Franck ou Nan Goldin mais aussi des films (pensons à l’un des tout premiers de l’Histoire, L’Arrivée d’un train en gare de La Ciotat des frères Lumière), de la peinture, de la sculpture et du dessin (avec des œuvres très importantes de Gustave Caillebotte à Andy Warhol en passant par Picasso ou Aloïse Corbaz), mais aussi de la littérature – de la poésie d’Apollinaire sous vitrine à la prose transsibérienne de Blaise Cendrars encadrée au mur…

Autant de pépites qui viennent occuper les nouveaux espaces du musée, plus vastes, plus hauts, plus décloisonnés que jamais.