Le bouleversement de la société provoqué par le déploiement de l’informatique et la démocratisation d’internet et des réseaux sociaux aura des impacts importants. «Nous vivons une véritable révolution numérique, même si beaucoup préfèrent se contenter du terme “évolution”», souligne d’emblée le chef de la DSI, Patrick Amaru. Pourquoi le R qui précède est-il important ? «Parce qu’on se trouve actuellement devant des modèles disruptifs qui rompent totalement avec les anciens schémas. Prenez par exemple les plateformes communautaires Airbnb ou Uber, qui se sont développées très vite et qui ont révolutionné les habitudes dans plusieurs domaines d’activités», commente Patrick Amaru.
Trois axes
Pour le Canton, ces impacts de la numérisation ont été catégorisés selon trois axes. Le premier, c’est l’État pour lui-même, à savoir les métiers de l’État. «Ce dernier doit sans cesse revoir son fonctionnement, analyser comment se moderniser et reconsidérer ses prestations auprès du public.» La transition est déjà en cours depuis plusieurs années, par exemple dans le domaine de la fiscalité avec la possibilité de faire sa déclaration d’impôts par voie électronique (VauxTax) ou de changer son heure de rendez-vous en ligne au Service des automobiles et de la navigation. «À la différence de ce qui se passe parfois dans le secteur privé, l’État n’est pas dans des modèles disruptifs. Il doit tenir compte de la fracture numérique et maintenir par conséquent des prestations traditionnelles.» Ainsi, il est toujours possible de remplir sa déclaration d’impôts sur papier ou de se rendre au guichet pour obtenir diverses informations.
Le deuxième axe concerne l’État en tant que régulateur et législateur. «Son rôle est d’adapter les lois au fur et à mesure que de nouveaux modèles d’affaires apparaissent. L’État doit s’assurer qu’il y a un cadre législatif régulateur et adopter des normes valables pour tous», rappelle Patrick Amaru. Parmi les sujets de réflexion pour l’avenir figurent notamment la problématique de la taxation des robots ou l’intégration des modèles disruptifs dans notre système social avec, en point de mire, le respect des conditions de travail et la lutte contre la précarisation des travailleurs.
Le troisième axe, enfin, c’est celui de l’État garant des conditions-cadres en lien avec la numérisation. «Cela consiste à mettre en place une stratégie pour que les entreprises puissent évoluer sur un terreau fertile. De nombreux domaines sont concernés, telles les infrastructures, la gestion du territoire cantonal, l’économie ou la formation», énumère Patrick Amaru.
Protéger les données privées
La tâche est colossale et tentaculaire. Mais l’enjeu principal consiste encore et toujours à protéger les données privées. «Il y a souvent un décalage entre les souhaits d’une partie de la population et la nécessité de protéger les données. L’État doit y être très attentif. La technologie pourrait permettre une multitude de combinaisons – comme celles, par exemple, de réunir toutes les données sur un individu. Ce serait techniquement possible, mais c’est là que l’État intervient pour poser le cadre législatif qui garantira une protection adéquate des données», conclut le chef de la DSI.