L'Economie
Entre Covid et accord-cadre

Le Black Lodge a accumulé les OBSTACLES, mais ne lâche rien

Inauguré lors d’une «fenêtre» entre deux fermetures, le bar et restaurant yverdonnois souffre, mais reste debout.
© Michel Duperrex

Bastien Kerninon et Isabelle Behnke.

© Michel Duperrex

Le Café du Pont, le Cactus, la Dame de Caro, le Highland’s... À Yverdon-les-Bains, cet établissement de la rue des Casernes a connu plusieurs appellations, plusieurs atmosphères, et c’est aussi ce qui a séduit Isabelle Behnke et Bastien Kerninon, à l’heure de tenter le pari de faire renaître ce lieu emblématique, avec leur touche personnelle.

Tout allait pourtant parfaitement pour le couple de restaurateurs, qui gère un établissement à succès, le Double R, à deux pas. Mais un coup de cœur, ça ne se commande pas. «Nous avons toujours apprécié ce lieu, il est spécial à Yverdon», explique Isabelle Behnke. Alors, avec l’aide de professionnels et d’amis, et armé de toute sa motivation, le duo a multiplié les travaux et ouvert il y a environ une année, profitant d’une fenêtre entre deux «fermetures Covid». «On en avait vraiment envie, on ne voulait plus attendre, alors nous nous sommes lancés», explique le couple, qui a également décidé d’ouvrir en début de journée, et de revenir aux fondamentaux du lieu, quand le Café du Pont accueillait une population matinale.

Et puis, en décembre, alors que l’établissement trouvait son rythme, première fermeture. Et là, le coup de massue: les aides n’arrivent pas, puisque l’établissement a été ouvert alors que la pandémie avait déjà débuté. «Là, ça fait mal. On a multiplié les demandes, y compris auprès du Fonds de solidarité de la Ville, et on n’a rien reçu.» À la réouverture du printemps, il a fallu repartir de zéro et puis… de plus bas que zéro, avec l’instauration du pass Covid. «Là, ce n’était même plus un coup de massue, c’est carrément le punching-ball. Pour les établissements bien installés, c’est déjà dur. Alors pour une enseigne qui cherche à se faire connaître…», image Isabelle Behnke, qui ne va rien lâcher. « Bastien et moi, on est des battants, on veut faire vivre ce lieu mythique. Mais aujourd’hui, la vérité, c’est que ce sont nos salaires du Double R qui permettent de faire tenir le Black Lodge. Jusqu’à quand, c’est la question.»

Une baisse de moral, vite balayée. «On n’a pas le droit d’arrêter d’y croire», se reprend la patronne.