Vaud à l'ère numérique
Supplément de la Feuille des avis officiels No 75-76 du 22 septembre 2017 Spécial économie vaudoise

L’agriculture à l’ère 4.0

Ce n’est pas forcément l’image d’une ferme qui surgit à l’esprit lorsqu’on évoque la digitalisation de la société. Et pourtant! Cultures et élevages sont aussi entrés dans l’ère numérique. Et cela simplifie considérablement le travail des exploitants.
© ARC Jean-Bernard Sieber

Anne-Laure Varidel, agricultrice : « On devient dépendant d’Internet avec un débit acceptable, ce qui n’est pas toujours le cas à la campagne. »

© ARC Jean-Bernard Sieber

Anne-Laure Varidel vit à Niédens, un hameau à quelques kilomètres d’Yvonand. C’est là qu’elle exploite, avec son mari Étienne, la ferme familiale. Ils y élèvent une vingtaine de vaches laitières de race brune, dont ils gardent tous les veaux, et cultivent 44 hectares, dévolus essentiellement à la pomme de terre. 
Lorsqu’ils reprennent la ferme, le 1er janvier 1994, ils commencent tout de suite la digitalisation pour la comptabilité et les dossiers concernant la production intégrée. «On s’y est mis ensemble, avec mon mari, et on s’est formés sur le tas. Comme il n’y avait pas encore internet, on apprenait avec des manuels. Je n’y connaissais rien, mais j’aimais beaucoup. J’ai découvert Excel et ses tableaux et j’ai créé des minilogiciels pour gérer les parcelles et le bétail. J’y notais toutes les interventions sous forme de journal que je pouvais ensuite imprimer par parcelle avec la mise en page officielle du carnet des champs.» 

Un carnet contre un smartphone

Ce qui va vraiment changer leur vie, c’est la saisie mobile avec le smartphone. 
À l’heure où beaucoup se servent encore d’un carnet de poche, le logiciel Geofolia d’Isagri qu’Anne-Laure Varidel utilise pour gérer ses parcelles permet d’introduire toutes les données nécessaires, des caractéristiques de la parcelle à sa surface en passant par les interventions. «La pomme de terre est la culture qui demande le plus de données avec les cultures maraîchères et fruitières. Je note tous les travaux du sol, les soins phytosanitaires, les engrais, du moment où on plante jusqu’à la récolte. L’application est en lien avec mon ordinateur. En fin de journée, je n’ai plus qu’à les synchroniser. Avant, il fallait encore ouvrir l’ordinateur le soir après le travail pour rentrer toutes les données ou y consacrer une journée par semaine. Faire tout de suite, c’est un pli à prendre.»

Rapidement convaincu par les avantages des logiciels, le couple s’est aussi lancé, beaucoup plus récemment, dans la gestion numérisée de leur troupeau. «Le programme permet d’introduire toutes les données concernant leur génétique, le nombre de litres de lait qu’elles fournissent, ce qu’elles mangent, où elles en sont dans leur cycle ou dans leur lactation ou encore de faire des calculs prospectifs sur le lait coulé. Là aussi, on a accès avec le smartphone à la saisie, aux alertes concernant la reproduction et le sanitaire, même hors connexion.» Anne-Laure Varidel ne dispose pas de ces nouveaux outils de travail depuis assez longtemps pour en tirer un bilan, mais une chose est sûre, «ce sera plus simple. On en attend beaucoup». 

Le revers de la médaille

Aujourd’hui, l’exploitante est aussi formatrice pour les utilisateurs du logiciel de gestion de parcelle Geofolia. «Si l’on n’a pas le goût pour l’informatique, c’est un virage difficile à prendre. La première année, il faut consacrer du temps pour introduire les données. C’est plus facile pour la jeune génération.» 
Pour elle, la numérisation présente essentiellement des avantages. «Au bout du compte, j’ai plus de temps libre et mes dossiers sont toujours à jour lors des contrôles plus ou moins inopinés. Avec ces nouveaux logiciels, je n’ai plus besoin de faire des sauvegardes, de tout stocker sur un support externe par sécurité. Maintenant, tout est dans le cloud et ça, ça a été un soulagement pour moi.» 
Le revers de la médaille, parce qu’il y en a un, «c’est qu’on devient totalement dépendant d’internet avec un débit acceptable, ce qui n’est pas toujours le cas à la campagne. Si on ne peut pas se connecter, on ne peut pas travailler, et s’il y a une panne, on est fichu»